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lundi 29 novembre 2010

Quand on parlait patois

Les  cousins de Pentecôte sont arrivés à FREMENIL chez Marcel et Annie HANRIAT les 26 et 27 Mai 1996.
Pour les accueillir, l'Annie avait prèparé un discours en patois lorrain. De quoi les mettre dans  l'ambiance et faire revivre la langue de nos grands parents...

C'était il y a 14 ans déjà ......

J.S. Septembre 2010

Alors, comme ça, vous êtes enfin arrivés à FREMENIL?  Vous avez fait bon voyach'? Vous n'avez frâlé personne sur la N4 en v'nant par LUNETROU, par HERBE ou OGE?  Bon, alors on va pouvoir commencer!

C'est qu'on a dû feugnier longtemps pour préparer tout c'fourbi, mon hôme et moi...Surtout qu'mon hôme en question, le Marcel quoi, avait dècidé de casser sa goyotte pour vous recevoir sur la pelouse, sous une tente quand même, avec des planches et des trétaux en guise de table...Il aurait fallu être trop nisse... Vous vous rendez compte...surtout s'il avait pleu ! Même que l'aut'jour faisait pas clarteux du tout, on était pas rassurés, y a même tombé une de ces chaouées...Les chanettes ont pas arrêté de dégouliner de la journée...Mais ça a fait du bien à la pouillotte dans le jardin. Au moins, elle ne sera pas fiâche!   Bon, faut couper court, on n'va pas hocher les quetsches tout' la journée.

Comment ça, mon histoire n'est pas clarteuse?  Mais fallait venir avec vot' dictionnaire de patois bien sûr.
Bon, j'cause comme une trètrelle j'vois qu'vous r'zieutez du côté d'la table, on va y aller, mais faites attention à n'pas être trop foutraillés d'ici l' soir parce qu'on ne pourra pas coucher tout le monde dans un lit...peut-être dans la paille tout de même...
J'en vois des qui craillent des yeux comm' si n'comprenèment neni: Des parisiens pour sûr,qu'ont oubliés depuis bell'lurette leurs racines lorraines.

Ben n'ont qu'a s'y r'mett' au patois d'cheu nous, ça r'vient à la mode et ça n'aurait jamais dû la quitter. Les p'tiotes races ont bien du mal à suivre.Et ben, n'ont qu'a prendre un dictionnaire de not' patois lorrain (en v'la une bonn'idée de cadeau!) : ça vaut cent fois mieux qu'd'apprendre le javanais et d'causer en rap! Et pis mes p'tiots gamins, mes p'tiotes gamines, ça fait partie d'not' patrimoine la langue-là. Faut pas qu'ell' s' perde!

Alors ,vous aimez bien d' v' nir à FREMNI au pays des Piquants ? Conservez aussi not' patois d'cheu nous.  Ca fait partie d'nos racines.
Là d'sus, on lèv' nos verres: A la  bonne vôtre!!!

mercredi 18 février 2009

A propos du nom des rues de Fréménil

1 - LA GRANDE RUE.

- C'est la voie principale du village. Dans plusieurs communes on la retrouve sous l'appellation de "Rue Principale" ou "Grande Rue". C'est cette dernière dénomination qui est utilisée ici avec, suivant les époques, une forme altérée de "Grand' Rue".

- Dans des communes traversées par une voirie plus importante, la rue principale devient "Route Nationale" après avoir été "Royale" ou "Impériale" et plus récemment  "Rue de la Libération".

- La Monographie de 1888 de Monsieur Aristide RENAULD, Instituteur, nous mentionne l'appellation "Rue du Puits" entre l'église et le côté Est (vers OGEVILLER), et la "Rue du Faubourg" pour la partie entre le Ruisseau des MEIX (actuel Ruisseau de la MAXELLE) et le côté Ouest (vers BENAMENIL). Quant à l'appellation "Grande Rue" on la trouve,à cette date, à l'emplacement de l'actuelle "Rue de la Prairie" (la BANVOIRE).

 - En résumé, à cette époque (1888), l'église de FREMENIL était implantée sur "la PLACE" au milieu du village, et trois rues rayonnaient, à savoir :

    - Côté EST   : La Rue du PUITS (où se trouvait l'unique puits banal)

    - Côté OUEST : La Rue du FAUBOURG.

    - Côté NORD  : La Grande RUE (la BANVOIRE)

- Une remarque : Pour éviter les numéros bis, ter, etc.., la partie EST de l'actuelle "Grande RUE" (en direction du cimetière communal) comportant de nouvelles maisons (dont la première C.F. construite en 1977), à partir du n°1 (conservé Grande Rue) pourra être baptisée Rue (ou Route) d'OGEVILLER avec une nouvelle numérotation de cette section.

2 - LA RUE DE LA PRAIRIE.

- C'est la rue qui permet d'accéder à la prairie située entre la VEZOUZE et la VERDURETTE (anciennement ruisseau d'AHLAN). Elle dessert le quartier de "la BANVOIRE". De BAN , propriété du Seigneur du lieu (ici, la prairie), mais à usage obligatoire des paysans moyennant redevance (comme l'usage du four banal, du puits banal) et VOIRE ,du germain WARD, garde, gardien.

- A "la BANVOIRE" se situait la maison du gardien du BAN qui peut être considéré comme le garde champêtre. Ce ban communal, c'était la prairie où venaient paître les animaux (vaches, moutons). Le gardien était chargé de percevoir un péage pour les utilisateurs en fonction du nombre de têtes d'animaux. Aux abords du petit pont enjambant le ruisseau se trouvait un abreuvoir naturel (côté amont) où les bêtes pouvaient s'abreuver (et on a longtemps cru que "la BANVOIRE" était une déformation "d'ABREUVOIR") et un pédiluve (côté aval) fréquenté par les chevaux.

3 - LA RUE DES VIOLETTES.

- Diverses appellations au gré des ans pour cette voirie :

    - D'abord "Route de BURIVILLE" puisqu'elle permettait d'accéder à cette commune voisine , côté SUD.

    - Puis "Chemin du BOIS ". C'est en effet par là que l'on accédait directement à la Forêt de MONDON pour aller chercher du bois, le couper, le débiter, le charroyer et l'amener sur place, devant le logis, sur l'usoir où il était scié, fendu, rentré, rangé pour sécher et enfin brûlé dans la cheminée (l'âtre) pour le chauffage de la maison et la cuisson des aliments. Le Bois, c'est toute une partie de l'histoire de nos campagnes. Et le "Chemin du BOIS" avait une réelle importance.

- En 1911, le Chemin de fer départemental L.B.B.( de LUNEVILLE à BLAMONT et à BADONVILLER) est inauguré et la partie de voirie desservant la gare est dédiée tout naturellement à celle-ci. La "Rue de la GARE" était née ! Et quand bien-même si, depuis 1942, "le TACOT" a été supprimé, l'appellation "Rue de la GARE" est restée encore vivace.

- La "Rue des VIOLETTES" est une appellation plus récente et plus romantique. Vers 1970, après avoir réalisé le tout à l'égout, le nouvel éclairage public, les bordures de trottoirs et un nouveau revêtement routier, la municipalité retrouve l'intérêt de la numérotation des maisons (déjà établie pendant la première guerre mondiale et abandonnée la Paix revenue!). Et dans la foulée, on installe des nouvelles plaques des rues. C'est à cette occasion que la "Rue de la GARE" se trouve baptisée "Rue des VIOLETTES".

- Le Maire Yves ADAM (1924-2006) m'a confié que quand sa fille C. était petite, il l'emmenait promener par ce cheminement baptisé par elle la "Rue des VIOLETTES" puisqu'elle faisait de jolis bouquets odorants en cueillant ces petites fleurs nombreuses aux abords de cette rue. C'est donc pour pérenniser ce souvenir qu'Yves ADAM a pris l'initiative de baptiser la "Rue des VIOLETTES".

- Dans sa monographie (1888), Monsieur RENAULD nous situe à mi-chemin de cette Route de FREMENIL à BURIVILLE (entre le pont du ruisseau de la Source CLAUDINE et l'ancienne gare L.B.B.) un lieu-dit "Rue JOTE", communément désigné par l'appellation "Les GOTHS"(ou "les GOHS"). N'y a t-il pas un rappel lointain à ces peuplades qui avaient pour noms WISIGOTHS, OSTROGOTHS, guerriers envahisseurs et destructeurs ( V° et VI° siècle) ?

4 - LE CHEMIN DE LA MAXELE.

- "La MAXELE" est le ruisseau qui vient du SUD (côté RN 4 ), dans le secteur dénommé "Le COUGNOT" (terrains situés dans un "COIN"). Ce ruisseau latéral au chemin d'exploitation de la MAXELE, traversait par un aqueduc (aujourd'hui déposé) la plateforme du TACOT (L.B.B.) avant de rejoindre le ruisseau de la Source CLAUDINE qui affluait sur la droite. L'ensemble des eaux se dirigeait ensuite vers la VEZOUZE, après avoir traversé par un aqueduc la "Grande RUE".  Ce chemin , appelé aussi "Le Chemin du COUGNOT" avait aussi une autre appellation "Le Chemin de la VANNOX" (prononcer VANNOFF') où se trouvaient de nombreux terrains aménagés en "SAULCY" (ou SAUSSIS) où poussaient des "SOLES" les osiers dont on faisait des paniers, de la vannerie.

5 - LE CHEMIN DU HAUT DES MEIX.

- Petit chemin qui, avant le remembrement de 1990, se prolongeait en un tracé tourmenté jusqu'à la Rue des Violettes (ancienne Rue de la Gare). Limité dans sa longueur actuellement, un nouveau tracé de prolongement et un élargissement, permettrait de desservir une nouvelle zone de construction.  En vieux lorrain "les MEIX" étant "des JARDINS", on peut supposer que ce chemin desservait la partie haute des jardins situés dans ce secteur.

6 - LE SENTIER DE LA NICE BATAILLE.

 - Sentier très ancien, desservant notamment la partie arrière des propriétés Coté OUEST de la Rue de la PRAIRIE (quartier de la BANVOIRE). Ce sentier part de la "Grande RUE" et descend jusqu'au Chemin du Gué (Verdurette – Vezouze)

- Une terrible bataille s'est déroulée dans la plaine de la Vezouze, entre DOMJEVIN et BENAMENIL faisant de nombreuses victimes. Un attroupement d'habitants du village, tapis sur ce sentier suffisamment éloigné du lieu des combats, ont assisté en spectateurs inquiets (mais curieux quand même !!) à cette "NICE" Bataille (Du patois lorrain "NICE" ou "NISSE" signifiant difficile, mauvaise, vilaine, désastreuse). Cet évènement guerrier a laissé chez ces témoins , un souvenir durable ainsi que le prouve l'appellation parvenue jusqu'à nous.

   1ére Explication:

   - Dans sa monographie (1888), Monsieur RENAULD évoque "un fait historique dont les Anciens n'ont nullement connaissance" à rapprocher du "CAMP" situé à l'EST et cette "NICE BATAILLE" située à l'OUEST. Les belligérants supposés, venant du "CAMP" (à l'EST) auraient donc livrés bataille dans la prairie située à l'OUEST contre des guerriers venant donc de ce côté ??

  2ème Explication :

   - D'après l'annuaire de Lorraine de 1938, l'église de DOMJEVIN est bâtie sur l'emplacement où furent enterrés plus de 2000 soldats tués en 1674 dans une bataille entre CHARLES IV et les Français. La bataille a eu lieu entre DOMJEVIN et BENAMENIL, dans la plaine de la Vezouze. Faut-il trouver-là une interprétation du "Sentier de la NICE BATAILLE" d'où des Fréménilois impressionnés à juste titre ont vu le déroulement de cette tragédie ?? 

    Précision : C'était bien avant la construction de la nouvelle R.N.4 en remblai qui, maintenant forme écran en direction de l'OUEST.

7 - LE CHEMIN DE LA SOURCE CLAUDINE.

 - Dans le langage local, on le trouve sous la dénomination de "SAUCE GLAUDINE". Rien à voir avec la sauce d'une cuisinière talentueuse !! Après le remembrement de 1990, ce cheminement, qui se prolongeait vers l'EST et remontait ensuite vers le chemin du Tacot a été fâcheusement tronqué. Il permettait la desserte arrière des propriétés côté impair des maisons situées sur la Grande RUE.

8 - LE CHEMIN DU TACOT.

- L' ancienne plateforme du Chemin de fer Départemental de LUNEVILLE à BLAMONT et à BADONVILLER (L.B.B.) 1911-1942, plus communément appelé "le TACOT" est utilisée à des fins de voirie sur une courte section, le reste étant considéré comme chemin d'exploitation. Il est certain qu'après des travaux d'aménagement, ce cheminement est appelé à un avenir pour desservir de nouvelles constructions.

9 - LA BARAQUE.

- Terminons notre revue des rues, chemins et sentiers de notre village par " LA BARAQUE ". Qualifié "d'écart", il convient de ne pas oublier cet ancien moulin , correspondant aujourd'hui à deux corps de logis voisins. Cet écart est desservi sur sa façade SUD par la Route Nationale N° 4 PARIS - STRASBOURG et, à peu de distance de son flanc EST, par le Chemin d'intérêt Commun N° 19 de VAUCOURT à BACCARAT devenu CD 19. Côté OUEST, à la limite des frontières des communes de BENAMENIL et de DOMJEVIN, existait un chemin rural dit "de LA BARAQUE ", unissant la RN 4 au CD N°19. A l'occasion du remembrement de 1990, ce chemin de "la BARAQUE " a été supprimé et son emprise incorporé aux terrains du lieu-dit.

- Le vieux moulin, situé à 1,5 Km à vol d'oiseau du village, mais à 2,4 Km en empruntant le CD 19, puis le CD 19A, ou à 2,9 Km en empruntant la RN 4, puis le CVO N°3 dit de BURIVILLE ; cette distance devait être franchie par les enfants de "la BARAQUE" pour se rendre à l'école de FREMENIL; mais "ils coupaient au court" en utilisant un cheminement qui les amenait de "la BARAQUE" au COUGNOT, puis à la VANNOX ( VANNOFF ) pour arriver au centre du village (soit 1,9 Km).

- En ce temps-là, il existait des sentiers. C'était avant le remembrement !!!  Partis le matin de bonne heure avec leur "pot de camp" pour le déjeuner, réchauffé par l'épouse de l'instituteur, ils regagnaient leur maison par le même itinéraire "après l'école" à la fin de la journée. Ceci se passait avant 1914 et les écoliers de "la BARAQUE" avaient pour nom GASCARD

- Datant de la féodalité, le moulin de "la BARAQUE" appartenait au Seigneur DE LANOY d'HERBEVILLER. Il a dû cesser son activité meunière en 1857 à la suite d'un incendie; mais l'habitat a toujours été occupé jusqu'à nos jours. En 1853, le moulin de "la BARAQUE" comportait une maison occupée par deux ménages avec dix habitants.

CONCLUSION :  Amis lecteurs internautes, en voilà des choses apprises sur notre Site !!!

                 A bientôt pour vos commentaires.

Jean SPAITE - Février 2009

samedi 14 février 2009

Le Nicolas

Le NICOLAS ? Mais si, voyons, vous l'avez bien connu ! Il était né en 1875 et il est mort en 1956. Il avait 81 ans. Il était une figure dans son village. Cultivateur il était, cultivateur il était resté, jusqu'à son dernier jour, amoureux de la terre lorraine qui l'avait vu naître. De taille moyenne, coiffé d'une éternelle casquette sur un visage buriné, vêtu du traditionnel pantalon de velours côtelé, il illustrait le type même du RABOUROU (1): le laboureur de chez nous. Les yeux plissés, abrités par des sourcils très fournis,

C'était surtout quand il ouvrait la bouche sous sa moustache abondante pour parler en patois lorrain que l'on était étonné par le personnage. Il maniait le parler de chez nous avec aisance et son langage me posait problème lorsque j'étais petit. Je vous avoue que ses conversations avec ma grand-mère m'obligeaient à m'interroger sur la traduction. Bien gentiment, ma grand-mère me donnait par la suite la signification des mots qui m'avaient échappés. C'est ainsi que j'ai appris le lorrain comme d'autres apprennent une langue étrangère. Comme mon bon vieux grand-père était décédé, il me prit en affection et m'invita à venir avec lui dans les champs. Lui qui avait eu seulement deux filles, il était content d'avoir un garçon dans ses pas!...

Mais comment apprivoiser un gamin lorsque l'on reconnaît son propre côté bourru et pas si facile? C'est bien simple: il y a le CHEVAL !


Après une paire de cheminement sur le dos du "MARQUIS", j'étais convaincu de la belle vie du cultivateur ! Car ce philosophe-paysan maniait l'humour à sa façon. Donc ,son brave cheval de la race ardennaise avait droit au titre de "Marquis". Le NICOLAS possédait six vaches mais avait aussi un boeuf qu'il attelait pour certains transports. Cette grosse bête m'impressionnait car elle n'était pas toujours obéissante. Il ne fallait pas aller près de ses pattes : ce "bestiau" savait décocher "ses coups en vache"! Une telle attitude lui avait donné droit au patronyme de "STAVISKY" par le NICOLAS qui n'aimait pas les banquiers frauduleux en qui il ne fallait pas faire confiance. Avec lui, j'ai connu les quatre coins du ban communal avec les lieux-dits qui fleuraient bon le terroir.

Mais quand on est jeune, on a aussi ses occupations. Il me fallait aller à l'école et laisser "le NICOLAS" à son travail agricole. Quand je le retrouvais, il en avait des choses à raconter. "Tiens, pas plus tard que ce matin, j'étais au "GRAND JOURNAL"(2), près de la grand'route, et ben tiens-toi bien : j'ai vu passer deux camions des bouillons KUB et des potages MAGGY; et pis aussi le camion d'la "COPETTE"...(3) Heureux temps où, sur la route PARIS-STRASBOURG, on pouvait encore dénombrer les camions qui passaient!...


Je me souviens aussi des casse-croute chez lui, dans la cuisine. "Le travail, ça donne faim, ça donne soif, et il faut reprendre des forces, hein petit!.." Avec un cérémonial très rustique,il invitait sa femme , la bonne ALINE, à garnir la table : la miche de pain était coupée en larges tranches et l'on avait droit à la saucisse maison "de not' cochon". Cette charcuterie fumée à coté des bandes de lard et des jambons dans la sombre cheminée occupant un large coin de la cuisine, donc cette saucisse lorraine avait été baptisée par ses soins :" le bout du monde"! Et vraiment, j'appréciais " le bout du monde" du NICOLAS ! Ses filles étaient mariées avec des hommes prénommés tous les deux RENE, il les avait classés par ordre d'ancienneté : Il y avait " le RENE 1" , marié avec l'aînée, et " le RENE 2", époux de la deuxiéme. Hommage à sa façon aux Ducs de LORRAINE. Pince-sans-rire, il annonçait que s'il avait eu une troisiéme fille, il l'aurait appelé SCHOLASTIQUE !(4) Il avait consulté le calendrier, c'est une Sainte que personne ne connaissait : alors personne ne pourrait l'appeler pour lui prendre avec un nom pareil!...

Ce qui m'étonnait toujours, c'était de l'entendre vouvoyer sa femme, la bonne ALINE. Encore une marque de respect, de courtoisie, qui relevait d'une autre époque. 

Les années passant, et marqué par la fatigue, il laissa sa ferme à sa fille cadette et à son " RENE 2". Le NICOLAS et l'ALINE habitèrent dans une petite maison située pas bien loin de la Mairie-Ecole. Là au moins, il voyait des gens : les commerçants qui passaient avec leurs camionnettes, les autres paysans qui travaillaient encore et les gosses qui jouaient sur la place du village. Cette petite maison, il l'avait pompeusement dénommée "Mon Chateau".
 
Un jour, mon cousin MARCEL est venu lui rendre visite avec son épouse.
  "- Comment qu't'es v'nu ici ?
  "- Ben, j'ai une voiture!
  "- Et où est-ce qu'il est ton auto ?
  "- Ben près d'ton ancienne maison, d'vant ta ferme !
  "- Te vas m'faire le plaisir d'aller le chercher tout d'suite et d'le mett'là, d'vant chez nô, pour que les gens d'ici i sachent que j'ai une visite qu'a un auto ! Ah, mais!...

Mon cousin MARCEL obtempéra immédiatement, répondant à cette demande impérative, mais qui donnait satisfaction à un brave homme qui n'avait jamais connu une telle richesse : avoir une voiture... devant chez lui et qui appartenait à quelqu'un de sa famille. A chacun sa fierté!!!... Ce jour-là, la brave ALINE avait ouvert la porte du petit placard placé derrière le beau poêle en faïence. Avec précaution, elle avait sorti les petits verres à pied, puis le flacon de liqueur de sa fabrication : du Blanc-Bouillon, que tout le monde appréciait.  


 "- Te n'vas pas prendre du sirop de bonne femme, MARCEL. Te vas faire comme moé: une petit' goutte!"

Et d'autorité, la mirabelle fut sortie.  Sacré NICOLAS !
 
C'était dans les années 1950. Cette année-là, l'hiver s'était montré rigoureux, plus que d'habitude. Le brave NICOLAS, moins résistant que lorsqu'il était jeune, avait attrapé une mauvaise grippe. L'ALINE "était aux cent coups"(5). Inquiéte à juste titre, puisque le NICOLAS était si mal fichu qu'il était resté au lit une partie de la journée. En cachette, elle fait appeler le Docteur SEGALL, du village voisin. Surprise du malade à la visite à domicile du praticien :
  "- J'ai jamais vu de toubib depuis le Conseil de révision! Alors!..."

Auscultation, diagnostique, traitement: 
  "- Vous allez faire chambre à part pour ne pas refiler votre grippe à votre ALINE.
  "- Jamais d'la vie. J'ai tojo eu ma fôme avo mi, c'name astour que j'vas changer ! (6)
  "- Et puis je vais vous donner un bon sirop. Restez bien au chaud et au bout de huit jours, ça doit aller mieux.
  "- Bon, pour le sirop, passe enco', mais pour le reste, faut pas trop y compter!"
  Consciente de son rôle d'épouse et de soignante, la bonne ALINE veille à l'observation scrupuleuse de la prise de sirop...
  Le flacon de sirop "miraculeux" voisinait dans le petit placard derrière le poêle en faïence juste à côté de la bouteille de mirabelle. Il a beau être qualifié par le docteur de "bon sirop", le NICOLAS n'apprécie pas son goût qu'il trouve amer !
Alors à sa manière , il s'est soigné :                                                                                      "- Allez, c'est l'moment d'prendre le sirop là!". Il prend la cuillère de potion et hop, il recrache vite le sirop sur le plancher. Rien de tel, à son avis, que de prendre une goutte de mirabelle à la place!
Et pour les traces par terre ?
  "- Voyez ALINE, vol enco le peûh katz-lé qu'avo enco pissé ici. Ah! La manre bête !" (7) Innocent, et pour cause, le chat ronronne près du poêle en faïence. Et notre malade s'en est sorti de sa grippe!

  Sacré NICOLAS, va!...
             
                                                                          Jean SPAITE
   NOTES:
  (1) -RABOUROU : Nom masculin- patois lorrain. Le laboureur.
  (2) -Le GRAND JOURNAL  : Lieu-dit communal.
  (3) -La COOPETTE  : La Coopérative (U.C.L.-Union des Coopérateurs de Lorraine).
  (4) -Sainte SCHOLASTIQUE : Soeur de St BENOIT, née à NURSIE(v.480-547). Elle fonda un monastère de femmes près du mont CASSIN. Sa fête était le 10 Février.
  (5) -L'ALINE  " était aux cent coups". Expression lorraine : Inquiétude maximum.
  (6) -"J'ai tojo eu ma fôme avo mi c'name astour que j'vas changer". Lorrain : J'ai toujours eu ma femme avec moi, ce n'est pas aujourd'hui que je vais changer.
  (7) - "Voyez ALINE, vol enco le peûh katz-lé qu'avo enco pissé ici. Ah! La manre bête!". Lorrain : Vous voyez , ALINE, voilà encore le vilain chat-là qui avait encore pissé ici. Ah! La mauvaise bête! 

      Préçisons: Le portrait de NICOLAS concerne Nicolas MANONVILLER de FREMENIL (1875-1956)
     
Article écrit par Jean SPAITE et publié dans La REVUE LORRAINE POPULAIRE Octobre 2003 N° 174


vendredi 23 juin 2006

Le coin des Livres

En un temps où l'internet n'a pas fini de nous étonner par ses multiples possibilités, il ne faut pas oublier les livres sur les rayons des bibliothéques et Fréménil a fait l'objet d'études dont l'intérêt est souvent méconnu.
  • Il faut évoquer les ouvrages suivants dont au moins un chapitre évoque notre commune :"
    • Dom Calmet (1756) "Notice de la Lorraine"
    • M.Guerrier (1818)
    • H.Lepage (1843) "Le Département de la Meurthe" 2e partie p.204 & p.637
    • H.Lepage (1853) "Les Communes de la Meurthe" 1er volume p94 & p.379-380 et 2e volume p.644
    • E.Grosse (1836) "Département de la Meurthe - Dictionnaire historique et statistique" Volume 2 p.43-44
    • E.Delorme (1927) "Lunéville et son arrondissement" Tome 2 Chapitre XIII - Canton de Blâmont - Fréménil p.202-206
  • Sous la forme de monographies, nous trouvons :
    • Aristide Renauld (1888) (Instituteur du village) "Monographie de Fréménil" avec une carte de la commune
    • Jean Spaite (1987) "Fréménil et son église" avec une carte de la commune et un plan du centre du village ainsi que de nombreuses photographies
  • Un ouvrage édité par la Communauté de Communes de la Vezouze (2003) "Des Communes à Vivre" où l'on parle de notre village p.64-67 (Ouvrage disponible pour 10 Euros + port auprès de la CCV
  • Un ouvrage fort intéressant pour tous ceux qui s'intéressent à la généalogie : "Les Familles de Fréménil 1690-1905" (2006) par J.Doizenet et M.Hanriat du Cercle Généalogique du Lunévillois qui fait l'objet d'un billet entier sur ce site.
  • Puisque Fréménil est le pays des "Piquants", n'oublions pas "Saint Patronage et Sobriquets par J.Spaite (1999) Etude sur le Saint Patronage, les appellations officielles et les sobriquets dans les villages de la Meurthe et Moselle (Arrondissement de Lunéville) qui fait également l'objet d'un billet à part.
  • Des pages d'Histoire au cours de la Seconde Guerre Mondiale "L'évacuation 1944", vue par une habitante de Fréménil, Madame Alice MANONVILLER - Ouvrage paru à l'occasion du 50ème anniversaire de la Libération du Blâmontois par J.Spaite (1994) - 12 pages
  • Nous serions vraiment incomplets si nous ne mentionnions pas la "Revue Populaire Lorraine" qui a évoqué la vie de personnages de Fréménil aujourd'hui disparus mais qui ont eu un rôle dans la commune :
    • L'arrivée de l'électricité dans la Vallée de la Vezouze, de même que l'inauguration du "Tacot", le chemin de fer de Lunéville à Blâmont et à Badonvillers (LBB) sont des événements qui ont marqué notre village.
    • Une chronique patoisante originale (La Justine Putet) permet de ne pas oublier notre "parler lorrain" spécifique à la Vallée de la Vezouze.
    • Les guerres de 1914-1918 et 1939-1945 ont laissé des blessures dans la vallée et font l'objet de récits historiques appréciés (Le fort de Manonvillers)
    • La Revue Populaire Lorraine - Revue Bimestrielle - est en vente en librairie-presse au prix de 6 €, ou sur abonnement auprès de l'éditeur, Jean-Marie Cuny à l'adresse suivante : RLP - "Le Tremblois" - 54280 - LANEUVELOTTE
Voilà autant de bonnes raisons de ne pas oublier les livres, ces amis fidèles qui nous parlent à l'oreille de notre village que nous aimons tant. Découvrir, apprendre, se souvenir, une lecture sur notre village en offre la possibilité. Alors, profitez-en, et Bonne Lecture !!
Article rédigé par Jean SPAITE - Juin 2006

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