Nous sommes actuellement au XXIéme siècle. Le monde agricole s'est entièrement transformé; dans notre village il n'y a plus d'exploitation agricole en tant que telle. Notre territoire cultivable est exploité par des agriculteurs extérieurs à notre commune (Barbas, Blémerey) et les tracteurs modernes impressionnants par leurs dimensions ont remplacé depuis longtemps les chevaux des petits cultivateurs locaux du siècle dernier. A ce sujet, il ne subsiste dans notre paysage que les chevaux de race montés par des "cavalières et cavaliers du dimanche", rien à voir avec nos chevaux de trait ardennais qui nous étaient familiers "dans l'ancien temps".
A cette époque, les propriétaires de ces équidés les considéraient comme des compagnons de travail et ils étaient aimés comme des êtres humains. Il y avait une relation de profonde amitié entre ces animaux vivants auprès de leur maître. On les sentait respirer, peiner et la caresse de la main du paysan sur l'encolure de la bête traduisait un sentiment sensible qui n'existe pas avec les tracteurs d'aujourd'hui. Il ne faut pas s'étonner si ces braves bêtes avaient été baptisées d'un nom qui relevait d'un certain esprit de leur propriétaire. Cette appelation pittoresque mérite d'être tirée de l'oubli.
Nous avons la chance de rappeler les noms de ces propriétaires en indiquant leurs adresses en notre commune suivies du nom de baptême des chevaux :
- Albert MANONVILLER Cultivateur et marchand de bois → BAYARD
( 5 Grande Rue ) - Jean HENRY Cultivateur → COQUETTE, POULETTE
( 3 Rue de la Prairie ) - Nicolas MANONVILLER Cultivateur → MARQUIS
( 4 Rue de la Prairie ) - Jean FLAVENOT Cultivateur → JEANNOT, MOUSSE
( 2 Rue de la Prairie ) - Joseph TOUBHANS Cultivateur → COQUETTE
puis Jacques TOUBHANS
( 27 Grande Rue ) - René HENRY Cultivateur → POLKA, DICK, GRISETTE, MARGOT
puis Marcel HENRY
( 9 Grande Rue )
N'oublions pas les bœufs qui, attelés aux instruments agricoles, assuraient eux aussi un service bien utile.
- Nicolas MANONVILLER Cultivateur → STAVISKY, BLUM
( 4 Rue de la Prairie )
Nous retrouvons l'esprit critique de ce brave paysan lorrain qui n'appréciait nullement ces deux personnages mêlés aux affaires financières et politiques d'avant guerre.
Par l'évocation des noms de ces animaux, nous avons fait revivre une page très particulière de cette vie dans nos campagnes, au siècle dernier. Voilà de quoi tirer de l'oubli cette histoire de nos chevaux et de nos bœufs.
Jean SPAITE Février 2015
Crédit Photographique : La photo de Jacques Toubhans et ses chevaux provient de nos archives personnelles.