C'était dans le temps!...
A l'époque où, quand on parlait "voiture", cela ne se traduisait pas par "automobile" comme c'est le cas aujourd'hui!
Nous remontons dans l'histoire, au XIX° siècle.
Certes,
on pouvait emprunter les diligences qui existaient depuis 1691, mais
leur service concernait le ville à ville et les longues distances. La
diligence Paris-Strasbourg ne prenait pas le voyageur de nos campagnes
qui allait de son village vers le chef-lieu de canton. L'objet de notre
exposé relève du transport individuel ou familial.
Pour se
déplacer, en ce temps-là, dans nos campagnes, le moyen le plus courant
était d'utiliser le chariot lorrain qui servait prioritairement aux
activités agricoles. Moyennant un toilettage sommaire, il était
présentable pour aller au marché de Lunéville par exemple, et on pouvait
y transporter moult bagages : il y avait de la place. Mais il n'était
pas toujours disponible : "d'abord les travaux des champs!" proclamait le
chef de famille. D'où son utilisation exceptionnelle en dehors de ce
programme. Le paysan plus aisé avait fait l'acquisition d'un moyen de
transport plus souple: "Le char à bancs".
Ce véhicule hippomobile à
quatre roues, relativement léger, se présentait avec une banquette
transversale avant pour le conducteur et son passager et, en sa partie
arrière, avec un espace muni de bancs longitudinaux; le plancher servant
de porte-bagages (entre les pieds des voyageurs éventuels). Le char à
bancs bénéficiait d'amortisseurs à lames d'acier sur chaque essieux ce
qui lui conférait un certain confort comparativement au chariot
agricole. Il était équipé d'un frein à manivelle manœuvrable par le
conducteur et agissant sur les roues arrières. Il comportait également
un éclairage sous la forme de lanternes latérales extérieures. Dans sa
présentation initiale, le char à bancs n'a pas d'abri pour le conducteur
et son passager; en somme c'est la formule été ou plein air. Mais pour
affronter des temps moins favorables, la pluie, la neige, par exemple,
il peut être équipé d'un abri repliable assurant alors la protection
avec, en complément, une capote relevable pour garantir les pieds et les
jambes des occupants avant des inconvénients de la pluie, de la neige et
du vent. Le "moteur" de cette voiture, c'est le cheval qui est attelé
dans les brancards. Dans nos régions, c'était le cheval ardennais qui
jouait ce rôle moins pénible que le travail des champs.
Pendant
longtemps, on trouvait encore à Lunéville, sur certaines maisons ayant
servi d'auberges ou de tavernes, un anneau scellé au mur. Il servait à
accrocher une chaîne ou une courroie du cheval en arrêt pendant que son
maître se désaltérait à l’intérieur. Voilà comment, en ce temps-là, on
réglait le problème du stationnement des voitures... à cheval.
Pendant la deuxième guerre mondiale, j'ai vu des cousins de Lucien
Carmentré venir lui rendre visite à Fréménil depuis les environs de
Baccarat, avec un char à bancs tiré par un cheval. Souvenir personnel
qui remonte aux années 1940-1943.
Jean SPAITE Février 2016