Les petits métiers d'autrefois

Bien sûr, nous vous  avons déjà parlé sur le site "Jean la Ferraille" qui, au siècle dernier, parcourait les villages du canton de Blâmont en chantant son refrain "Peau d'lapin, peau, chiffons, ferraille à vendre!".  Nous avons aussi évoqué ici "les Camps-Volants" qui façonnaient des "charpagnes", des paniers, au pied de leur roulotte, mais dont les femmes visitaient le village pour vendre du fil et des aiguilles et, à l'occasion, prédire "la bonne aventure"... métier très spécial !!!

A ces petits métiers aujourd'hui disparus, nous pouvons en ajouter d'autres.

Le rétameur

Il s'installait contre le mur de l'église sous la fenêtre de la sacristie, en regard du café du village: on ne sait jamais, s'il faisait soif ! Souvent de la famille des "Charpagnats", il connaissait bien son métier. Il parcourait le village pour recueillir les fourchettes et les cuillères ainsi que les bassines et lessiveuses marquées par l'usage, et après une savante préparation, il ravivait par un bain d'étain en fusion leur aspect extérieur. Cet ouvrier du feu avait toujours du succès auprès des jeunes attirés par les flammes qui se dégageaient de son chantier très chaud. Ne pas s'approcher: risque de brûlure!!

Le rémouleur

remouleur.jpgL'aiguiseur de couteaux, ciseaux-     Comme l'artisan précédent, il visitait le village en clamant son refrain: 

"A repasser les couteaux, les ciseaux".

Il agitait une petite clochette pour attirer l'attention de ses futurs clients. On l'a même vu utiliser une corne sonore pour signaler son passage. Il était équipé d'un trépied surmonté d'une meule actionnée à l'aide d'un pédalier. La mobilité de son outil de travail était réalisée par un essieu monté sur deux pattes de son trépied avec un système de roulement hérité de deux roues de voiture d'enfant. Cette machine-outil originale née du talent de bricoleur de son propriétaire lui permettait d'aller de village en village pour aiguiser les instruments coupants.

Le vitrier

Le refrain utilisé par le spécialiste :

"Encore un carreau d'cassé, v'la l'vitrier qui passe,
Encore un carreau d'cassé, v'la l'vitrier passé !..."

La plupart du temps, c'était un futur client, victime d'un carreau cassé à sa fenêtre qui avait fait appel à ses bons offices par l'intermédiaire du facteur qui, c'est bien connu, connaissait tout le monde dans les villages desservis. Le spécialiste rappliquait avec plusieurs carreaux vitrés pour répondre aux dimensions du sinistre, avec un outil magique: le diamant pour couper le verre, ainsi que pointes "tête homme" et mastic pour régler l'affaire. Mais l'homme de l'art pensait,à juste titre, que dans le village il y avait bien un ou deux carreaux à remplacer. Il ne serait pas venu pour rien! Et de fait, quand il n'y avait qu'une brisure, une fente, on gardait le carreau en place, en prenant bien soin de ne pas aggraver les choses. Alors, le passage du vitrier était toujours le bienvenu. "V'la l'vitrier passé!..." 

Le marchand de poissons

Il venait de Manonviller. Il est d'abord venu en vélo avec son panier rempli de poissons. Les affaires évoluant favorablement, il est venu en triporteur-moto. C'est surtout la semaine sainte, avec un point culminant le vendredi saint, qu'il vendait son poisson. Le reste de l'année il passait un vendredi par mois. Ce commerçant poissonnier devait avoir un autre métier en plus. (1)

Le Caïffa

Tricycle-Caiffa.jpgAvec son triporteur à pédales, muni d'une grosse caisse peinte en vert avec son enseigne "Le Planteur de Caïffa" écrite dessus, il ne passait pas inaperçu. Il venait de Blâmont et pédalait de village en village pour y vendre ses produits réputés: le café, le chocolat et  les délicieux bonbons de réglisse parfumés à la violette. Sa visite était appréciée des ménagères mais aussi des enfants gourmands.

Le Sidi marchand de tapis

Voilà un petit métier courant pour les hommes venant d'Afrique du Nord. Encore en 2014, il est venu dans notre village  un de ses pratiquants chargé de tapis colorés sur les épaules. "Hé mon z'ami, ti fais une bonne affaire. Et c'est pas cher pour toi!". Le  commerçant ambulant se veut persuasif. Il sait vendre sa camelote avec un discours volubile. Et toujours le refrain: "Ti fais une bonne affaire, c'est pas cher!"

Le peintre-artisan

Nous sommes là en face d'un véritable artisan qui opérait au siècle dernier. Il était bien connu et habitait à Bénaménil Monsieur E. SAYER. A l'époque, en cette période de paix de l'entre deux guerres, il était bon de présenter sa maison avec une façade bien propre. Dans notre village, il y avait trois clients réguliers pour se montrer exigeant pour l'aspect extérieur de leur habitat:

  • La famille ADAM (Félix, Christian puis Yves) qui exploitait l'entreprise de broderie perlée locale.
  • La famille BENOIT qui tenait le café du village et voulait attirer correctement sa clientèle.
  • Mademoiselle Anna Elisabeth MENGIN, rentière aisée qui possédait la plus belle maison du village.

Certes ce n'était pas chaque année le renouvellement total de la peinture des volets, portes et fenêtres chez chaque client, mais chaque client mettait un point d'honneur à avoir une bonne présentation de sa maison. Alors il y avait toujours quelque chose à faire relevant du professionnel réputé. Pour la mise en peinture du café, le peintre installait ses tréteaux près de l'église, comme le faisait le rétameur, sous la fenêtre de la sacristie. Il préparait ses volets et les peignait consciencieusement en plusieurs couches. Comme cela, le café pouvait fonctionner sans l'embarras d'un chantier. Il y avait toujours des curieux pour voir opérer l'artiste du pinceau et bavarder avec lui.   Et dans le village, il pouvait y avoir un mariage prévu dans l'année. Impérativement il fallait refaire la peinture du lieu, et profiter de la venue du peintre pour avoir "un beau devant de porte" ! D'où un nouveau chantier pour l'artisan.   

D'autres commerces itinérants venaient rendre visite au village au siècle dernier. Ils font partie de l'HISTOIRE "des Commerces et les Services à Fréménil". Là nous avons affaire à du gros matériel:

Le Bus de la Quincaillerie KERN (2)

Le commerçant itinérant avait investi dans un gros autobus qu'il avait transformé en supermarché mobile. On entrait dans son commerce par la porte arrière, on progressait vers l'avant en visitant les rayons et en faisant ses achats, et on terminait à l'avant où le commerçant tenait sa caisse. Et on trouvait de tout dans cet engin roulant: des semences, des outils agricoles, des gants, des bottes, mais également de l'outillage, marteaux, pinces, tenailles, cisailles , des pointes et des vis, bref tout ce qui peut servir au monde rural. Oui, ce supermarché rural à roulettes avait sa raison d'être et sa venue était appréciée dans les années 1980-1990.

Autre commerçant itinérant visitant le village jusque dans les années 1970 : 

Le marchand de Chaussons AMOS de Raon l'Etape

Obligatoirement il passait avant l'hiver , dans le courant de l'automne pour vendre des chaussons confortables bien fourrés et conseillés pour la période froide. Son camion stationnait dans toutes les rues du village pour satisfaire une clientèle qui lui était fidèle. Les Chaussons AMOS, c'était des Charentaises Lorraines qui venaient bien de chez nous.

Et tout cela, c'était dans le temps !

Peut-être avez-vous d'autres souvenirs à nous rapporter, des précisions, des compléments ? N'hésitez pas à nous contacter. Merci d'avance.

NOTES:

  (1)    Renseignements fournis par Marcel REY de Domjevin en 2010.

  (2)    Ets KERN  38 Rue Principale 54129 MAGNIERES.

Jean  SPAITE   Septembre 2017

Crédits photographiques :

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