Le cimetière de Fréménil

Cimetiere Fremenil 02.jpg, sept. 2013

LE LIVRE DES DÉFUNTS, DES PAGES PLEINES DE VIES...

LE CIMETIÈRE DE FREMENIL

Le Cimetière désigne le “lieu de repos” ( du latin Coemeterium ) et même “dortoir”.

Le cimetière accompagne intimement l’église, puisqu’il était de tradition de réunir autour de l’église, le lieu où l’on prie, les restes des morts.

Le premier cimetière autour de notre église, vu les cartes postales anciennes qui sont parvenues jusqu’à nous, on peut évaluer à une quarantaine de tombes établies précisément autour de l’édifice religieux.

Il existe encore des villages où le cimetière reste encore autour de l’église; mais ils ne sont pas nombreux et correspondent à une évolution démographique faible.

Le gros avantage du cimetière près de l’église, est le lieu d’inhumation à proximité immédiate du lieu de culte où s’est déroulée la cérémonie d’adieu. Ce positionnement facilite la prière auprès des défunts après la messe dominicale fréquentée régulièrement aux siècles précédents. L’inconvénient de cette situation s’est révélé au fil des ans où la succession des inhumations des défunts a conduit à la saturation du cimetière. Face à une évolution démographique positive, le nombre d’habitants augmentant, à échéance, le nombre de décès à suivi la même courbe, se traduisant par une saturation évoquée ci-avant. C’est au cours du XIXe siècle que le problème d’encombrement du lieu de repos est devenu récurrent obligeant les instances municipales à s’orienter vers un nouvel espace cimetière, éloigné du village.

Le nouveau cimetière de Fréménil a été ouvert en 1887.

Cimetiere Fremenil 05.jpg, juin 2018

Le premier défunt enterré est Jean-Joseph TOUBHANS (1822-1887) [tombe N°1]

A cette époque le maire de la commune était François-Nicolas-Camille MENGIN, maire de 1871 à 1896. Il a eu une action positive dans la suppression de l’ancien cimetière situé autour de l’église pour son transfert au nouvel emplacement sis au lieu-dit “Le Camp”. Il a participé financièrement aux dépenses des portes (piliers et ferronneries).

Les ossements provenant de l’ancien cimetière ont été peu à peu incorporés (inhumés) dans les nouvelles concessions. Le “surplus” a été inhumé dans l’ossuaire situé au pied de la croix du cimetière au centre du mur du fond. A cet endroit ont été enterrés aussi des morts-nés (fausses-couches).

Deux tombes anciennes subsistent auprès de l’église jusqu’environ 1935-1938.

Implantation des tombes.

C’est donc en 1887 que le nouveau cimetière a accueilli ses premiers défunts.

La capacité totale du cimetière définie initialement s’élève à 182 emplacements.

Notons qu’en 2020, 90 emplacements sont occupés. Nous ne sommes donc pas actuellement en situation de saturation.

L’implantation des tombes s’est faite progressivement au cours du XIXe siècle sur le pourtour des murs d’enceinte des lieux. D’abord côté Ouest, puis côté Nord, suivi du côté Est, pour terminer par le côté Sud. Chaque emplacement définissant une concession a donné lieu à une implantation officielle réalisée par le maire ou son représentant 1er adjoint.

Cimetiere Fremenil 06.jpg, juin 2018

La partie centrale a vu ses premières occupations au XXe siècle.

A signaler que dans les emplacements 105 à 112 des soldats tués à Fréménil pendant la guerre 1914-1918 ont été enterrés d’abord ici, puis relevés (vers 1935-1936) pour être enterrés définitivement au cimetière militaire de Reillon.

Une grande croix en grès gris a été érigée entre 1890 et 1910 à l'extrémité de l’allée centrale contre le mur d’enceinte côté Nord. Cette croix monumentale, composée d’un socle,d’un fût et surmonté d’un croisillon, accuse une hauteur totale de 4,30 m.

C’est de part et d’autre de cette croix que l’on trouve les tombes funéraires des familles MENGIN côté Est , et ADAM côté Ouest, figures marquantes des maires de la commune.

Le cimetière communal comprend deux parties.

Cimetiere Fremenil 01.jpg, nov. 2019

Une première partie, parc végétalisé situé au bord de la route CD19A qui précède la partie cimetière proprement dit, le lieu du repos où se trouvent les tombes.

La première partie, initialement à l’ouverture du lieu en 1887 comportait une allée centrale suffisamment large pour donner accès aux convois funéraires en alignement avec la porte centrale du cimetière à double vantail. Une petite allée piétonne se situait en alignement avec la porte latérale du cimetière.

A la suite du vœux de la paroisse locale en date du 17 Mars 1918 demandant la fin de la première guerre mondiale en épargnant le village et sa population, la croix commémorative a été érigée. Cette croix est composée d’un socle surmonté d’un croisillon avec la statue de Jésus-Christ crucifié, accusant une hauteur totale de 4,00 m. Cette croix monumentale a été élevée au milieu de l’allée centrale qui a été modifiée par une séparation en deux allées latérales empruntées après cet événement par les convois funéraires.

Ces travaux afférant à cette érection se sont déroulés en 1919-1920

Une plaque en marbre avec inscription des enfants du pays morts pendant le premier conflit mondial a été apposée sur la face avant du socle, cependant que la face arrière était munie d’une autre plaque en marbre rappelant le vœux de la paroisse.

La plaque avant a été complétée par les noms des victimes des conflits suivants.

Un panneau rappelant le groupe de Résistance locale figure à gauche du monument.

Ainsi donc ce monument de reconnaissance religieuse érigé à l’initiative de la paroisse a été adopté par la municipalité (laïque) pour y rappeler les enfants du pays morts pour la patrie.

Bel exemple de reconnaissance commune et pacifique.

Cimetiere Fremenil 03.jpg, mai 2018

Dans les années 1930 la partie végétale de ce parc a vu la plantation ornementale de sapins qui ont été supprimés dans les années 1950-1960.

En Octobre 2014, des travaux de modifications des allées d’accès et création d’un parking de stationnement ont été réalisés.

Les visiteurs du cimetière se sont habitués à la nouvelle présentation.

Le parcours des camions des professionnels dans les passages en courbe près de l’entrée du cimetière proprement dit se traduit par des affaissements avec retenues d’eau en période pluvieuse nécessitant un nouvel empierrement et une nouvelle couche de roulement afin de redonner un aspect convenable à cet environnement.

C’est également à la faveur des travaux de modifications des allées d’accès que le râtelier de dépose des vélos a été enlevé. Les visiteurs du cimetière venant à bicyclette regrettent cette longue absence. Il serait souhaitable de réinstaller cet équipement qui manque depuis six ans déjà.

Pénétrons maintenant dans la deuxième partie du cimetière, à savoir le lieu de repos, là où se trouvent alignées les tombes de nos défunts.

Le cimetière , lieu de repos.

Après une telle définition, on pourrait en déduire que c’est un lieu où il ne se passe rien.

Détrompez-vous: le cimetière a une Vie qui lui est propre.

D’abord en tant que lieu de repos, il y a le cérémonial de l’adieu au défunt qui fait l’objet d’un rassemblement de la famille, des amis. Ce cérémonial s’accompagne de prières et d’un dernier discours d’adieu. Après la descente du cercueil en son ultime abri, les ouvriers de l’entreprise funéraire referment la tombe. L’assistance qui s’est effacée retourne auprès de la tombe en petit groupe soit l’après-midi soit le lendemain. Dans les jours qui suivent, on revient encore avec des fleurs, pour évoquer sans fin celui ou celle qui vient de nous quitter.

Passent les jours, et les visites suivent avec des prières et des soins aux fleurs.

Les années sont marquées en nos calendriers par des fêtes motivant une visite aux défunts: la Toussaint et le jour des morts, la fête des Rameaux qui nous vaut le dépôt d’un bouquet de buis béni, et puis tant d’autres fêtes ou anniversaires rendant bien vivant le cimetière...lieu de repos.

Nous avons eu l’occasion au siècle dernier d’avoir le privilège de rencontrer une personne qui fréquentait régulièrement le cimetière.

Après le recueillement bien légitime sur la tombe familiale où se trouvaient ses défunts, elle supprimait les mauvaises herbes qui avaient l’audace de profaner la concession. Puis elle passait d’une tombe à une autre, œuvrant à son action de désherbage tout en parlant à ceux-là qui, hélas, n’étaient plus vivants. “ Mais c’est normal puisque je les ai tous connus, et même leurs parents et grands-parents !!! “ Le cimetière...lieu de vie.

Parmi les visiteurs des cimetières, nous avons les généalogistes qui, au-delà de leurs enquêtes aux archives départementales, s’activent à retrouver les emplacements où les défunts reposent désormais. Les inscriptions sur les plaques s’avèrent précieuses en renseignements. Serait-ce la découverte d’un cousinage inconnu ou oublié? Allez savoir…

Autres visiteurs spécialisés: les recherches des combattants des différentes guerres.

Un nombre important de ceux-ci reposent dans les différents cimetières militaires (REILLON par exemple); mais bien des familles ont voulu récupérer les corps de ces victimes dans une tombe familiale ou une tombe privée en concession perpétuelle.

Les parents du défunt disparaissent également et l’entretien de la tombe n’est plus assurée. Le transfert des restes en cimetière militaire se révèle fort coûteux avec comme conséquence le renoncement du Souvenir Français à l’effectuer.

Dans notre cimetière sur deux emplacements (N° 86 et N° 88) le Souvenir Français a adopté la solution de mise en place d’une croix normalisée “cimetière militaire” avec identification et dalle bétonnée pour la partie horizontale, pierre tombale.

Cette opération de transfert de concessionnaire a été effectuée en 2002.

Le problème d’entretien des tombes des soldats se trouve simplifié et est assuré par des bonnes volontés locales.

Améliorations possibles. Présentation.

Parmi les améliorations souhaitables concernant la présentation du lieu de repos, on pourrait avancer le revêtement en enrobés de l’allée centrale entre la porte d’entrée à double vantail jusqu’à l’allée transversale arrière devant la grande croix du fond du cimetière. Prévoir de laisser libre l’accès à l’ossuaire existant au pied de cette grande croix.

Le revêtement que l’on choisirait de couleur orangée pour donner une atmosphère un peu chaude au cimetière.

Évoquons Jacques PRÉVERT : “Mettons de la couleur dans notre grisaille…”

Ce revêtement nouveau serait limité à une longueur de 50,00 mètres sur 2,00 mètres de large, de manière à rester dans un montant financier abordable. Rappelons qu’une commune voisine (Domjevin) a réalisé l’ensemble des allées de son cimetière en couleur noire ce qui confère au lieu un aspect funèbre, sobre, tout en facilitant la circulation des visiteurs piétons ou en fauteuil roulant, mais avec une dépense élevée.

Au préalable de ce travail de revêtement, il serait procédé au transfert des gravillons existants de la partie à intervenir avec une répartition des éléments sur toutes les allées restantes qui accusent un manque d’éléments évidents en certains endroits.

L’allée centrale dans sa nouvelle présentation donnerait immédiatement au visiteur un aspect favorable du lieu, fait de propreté et d’ordre bien visible.

Rappelons que lors d’une cérémonie d’inhumation, un arrêt est toujours prévu sur cet emplacement pendant le ou les discours d’adieu avant la mise au tombeau.

Autre amélioration souhaitable:

La pose d’un panneau avec le plan du cimetière avec positionnement (avec N° des tombes) des concessions, ainsi que la liste des dénominations des tombes (familles…)

De nombreux cimetières sont équipés de ces panneaux ce qui facilite la recherche des tombes pour les visiteurs des lieux.

La bonne présentation du lieu de repos confirme le respect à ceux qui nous ont précédé.

“On reconnaît le degré de civilisation d’un peuple au respect qu’il a pour ses défunts…”

La plupart des monuments funéraires installés au XIXe siècle consiste en une partie horizontale recouvrant la fosse où a été enterré le cercueil, et une partie verticale dressée en chevet composée d’une stèle avec en surplomb un croisillon. C’est sur cette stèle qu ‘est fixée une plaque avec la désignation des défunts.

Le manque d’entretien, conséquence de la disparition des familles héritières, se traduit par un affaissement de la partie horizontale dans 50% des cas, et par une inclinaison dangereuse de la partie verticale dans 25% des cas. Le nombre de sépultures affectées par ces dérangements risque d’augmenter au fil du temps qui passe. Pour assurer la sécurité des usagers du cimetière, la municipalité devrait logiquement procéder à la dépose des monuments en cause. Ce qui n’est pas le cas pour la plupart des cimetières de nos villages pour raison financière. Cette situation qui affecte sérieusement la présentation du lieu de repos a sensibilisé deux personnes de bonne volonté qui, de 2009 à 2020 ont réalisé progressivement la remise en état de 20 tombes. Il reste néanmoins 5 à 6 tombes méritant de moindre travaux, mais d’ores et déjà le cimetière de Fréménil présente un aspect correct.

L’exemple de rénovation pourrait-il être suivi par les générations suivantes: on devrait l’espérer.

La solution économique consiste en un comblement de l’affaissement de la partie horizontale et un nettoyage d’ensemble de la sépulture.

C’est ainsi que notre cimetière communal aura droit à une bonne présentation.

Nous avons évoqué la présence de la Croix monumentale qui domine le cimetière adossée au mur d’enceinte côté Nord. Depuis plus de 110 ans, des mousses peu à peu se sont agglutinées sur ses flancs. Un sérieux nettoyage serait le bienvenu pour donner à cet imposant calvaire un aspect convenable.

La venue de la crémation.

Si l’on se réfère à la parole biblique :

“Tu es poussière et tu retourneras en poussière“

Plein de sagesse, ce rappel nous invite à la modestie, à l’humilité et se rapproche d’une autre vérité :

“ Vanité des vanités , tout n’est que vanité “

La première urne funéraire est apparue en 2008 dans notre cimetière sous la forme du dépôt de ladite urne sur une sépulture familiale existante ( emplacement N° 132 ).

En 2010, la construction d’une mini-tombe, appelée cavurne dans le vocabulaire technique des entreprises funéraires, a vu le dépôt d’une urne dans une cuve enterrée ( emplacement N° 124). Ce n’est qu’en Juin 2012 que le columbarium du cimetière a été érigé comportant 10 cases ( emplacements N° 92 et 117 ).

Cimetiere Fremenil 04.jpg, août 2012

En 2020, 3 cases sont occupées par des urnes.

On peut noter qu’actuellement il n’y a pas de jardin du souvenir pour recevoir les cendres des défunts qui font le choix de ce dépôt.

Le dépôt des cendres au jardin du souvenir se fait sous une forme anonyme alors que le dépôt de l' urne au columbarium, ou cavurne, ou sépulture familiale existante, comporte une identification.

Marque du temps, la démarche funéraire de crémation, jusqu’alors peu pratiquée, peut se développer dans les années à venir. D’où l’intérêt d’en surveiller l’évolution dans l’occupation progressive des cases du columbarium construit en 2012.

Agrandissement

Nous avons évoqué au chapitre ”implantation des tombes” que l’occupation des emplacements nous permet d’avoir une réserve suffisante pour les années prochaines.

Nous ne sommes pas actuellement en situation de saturation.

Le terrain voisin situé au Nord du mur de clôture sera dévolu à l’extension ultérieure du cimetière. Comme il s’agit d’une ancienne carrière de sable et gravier comblée par des remblais divers, il sera indiqué que chaque nouvelle tombe qui y sera implantée devra être réalisée avec une cuve bétonnée par respect aux défunts inhumés dans cette partie agrandie.

Conclusion - Réflexions

“ Une visite au cimetière ? Mais vous n’y pensez pas: il n’y a rien à voir !!!...”

Plusieurs fois nous avons entendu cette remarque.

Et pourtant, c’est ici que reposent ceux que nous avons connus, que nous avons aimés.

Du vannier qui faisait de beaux paniers d’osier, ou assis sur son pèleu au moment des soles, de la chère mémère coiffée de sa halette qui faisait de si bonnes crêpes: Ils sont là !

Plus près de nous, il y a des pères , des mères, des frères et sœurs qui sont notre famille.

Tous ont laissé une trace de leur passage sur cette terre. Ici, c’est un mur construit par le maçon, là c’est le plafond oeuvré par le plâtrier, là encore on garde le souvenir de l’habile couturière aux commandes de sa machine à coudre, et quand en notre église sonnent encore les cloches, on peut évoquer ceux qui s’y sont illustrés comme sonneurs ou carillonneurs.

Chacun à sa façon a apporté en ce monde ses précieux talents malgré ses insuffisances, puisque la perfection n’existe pas .

Celui qui croit au ciel, ou celui qui n’y croit pas, vient s’unir par l’esprit à tous ceux qui nous ont précédé; ceux qui reposent ici, comme ceux qui, au cours des guerres, sont restés loin de nous dans des pays étrangers.

Et l’on ne peut oublier une évidence :

“La mort fait partie de la vie puisqu’elle en marque la fin “

“Du monde d’ici bas tu n'emporteras rien”

Quelle leçon de sagesse qu’une visite au cimetière.

Le cimetière de chez nous est un lieu qui invite à une forme de recueillement, de méditation.

En lisant ces mots de réflexions, vous venez, vous aussi, de penser à autre chose que vos soucis quotidiens.

Car nos défunts, eux aussi, ont eu des problèmes à surmonter, comme nous tous c’est certain.

Ils nous ont laissé un village en héritage .

Montrons nous en dignes, puisque c’est notre patrimoine.

Convenez-en : Vous avez bien fait de venir au cimetière….

Jean SPAITE Décembre 2020

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