Notre patois lorrain (34ème partie)
Par jspaite le lundi 30 août 2021, 10:09 - Miscellanée - Lien permanent
- DÉBRÔLER V. ---> débrôler : affaisser - "Votre gâteau est tout débrôlé , quel dommage !”
- Un JEUNE BLANC-BEC ---> expression : un jeune garçon prétentieux
- Un RECULORUM N. ---> un endroit reculé dans une maison
- FIEUTER V.---> siffler
- Un FIEUTÂH N. ---> un siffleur amateur, mais peu talentueux
- PRENDRE une RINCÉE ---> expression : être trempé par une averse
Poursuivons notre parcours patoisant à partir d’une phrase entendue et émanant de ma grand-mère ( ça nous ramène au siècle dernier !)
La scène se passe dans notre village.
Intriguée par une personne étrangère au village qui semblait chercher quelque chose, un renseignement peut-être, j’entends encore ma bonne grand-mère prononcer cette interrogation:
“Faut ouar c’qu’ell’ veut la gent-là“(il faut voir ce qu’elle veut la personne-là)
Analyse de cette phrase:
- Faut ---> pour, il faut : suppression de l’article
- Ouar ---> prononciation typiquement lorraine pour le verbe voir
- C’qu’ell’ ---> expression courante par contraction des mots
- Veut ---> du verbe vouloir
- La gent-là ---> au pluriel on dirait : les gens-là
Nous sommes ici au singulier d’où : la gent-là, prononcé “la jan”.
A rapprocher de gente, la gente dame, préfiguration de gentille.
D’un passé lointain cette lorraine pure souche qui parlait le français à la perfection, n’était-elle pas toujours la première de la classe pendant sa scolarité à l’école primaire, titulaire du certificat d’études à l’âge de 12 ans, un record à son époque, ma grand-mère m’étonnait toujours par sa connaissance du patois. Elle était native du XIXème siècle, en un temps où le langage usuel était le patois lorrain. Elle n’avait aucune difficulté à retrouver la langue de son enfance et de ses ancêtres pratiquée encore au début du XXème siècle.
Ainsi, à partir d’une phrase qui nous vient du passé, on peut faire revivre le patois de chez nous.
Jean SPAITE Août 2021