mercredi 18 août 2021

Le cimetière et nous !

L’Est Républicain en date du 14/8/2021 sous le titre “ Jarville la Malgrange, Au cimetière, d’anciens monuments retrouvent leurs couleurs d'origine” , un article nous fait part de la rénovation de deux plus anciens monuments qu’il convient de préserver.

La ville de Jarville (9312 Hts en 2018) est certes plus importante au point de vue nombre d’habitants que notre petit village de 220 âmes en 2019 (223 en 2016). La commune de la banlieue nancéienne a même créé une participation à la Fondation du Patrimoine de Lorraine pour recevoir des dons provenant d’entreprises ou de particuliers pour participer au financement des travaux de restauration, mise en valeur et préservation du patrimoine concernant le cimetière.

Rappelons que notre petit village a réussi de 2009 à 2020 la rénovation de 20 tombes grâce à un travail de bénévoles et sans aucune participation de financement. La présentation du cimetière local est correcte même si depuis 2020 il reste à assurer une continuité pour répondre au respect que nous devons à ceux qui nous ont précédés et qui reposent en ce lieu.

Nous avons présenté un dossier complet “Le cimetière de Fréménil“ en date du 18/1/2021.

Nous avons rapporté l’existence d’un columbarium créé en Juin 2012 et qui est progressivement occupé; pour être complété par un jardin du souvenir et un jardin des fleurs qui sont donc absents depuis 9 ans.

Notre attention a été portée sur le dépôt d’urnes funéraires.

Rappelons que de tels dépôts doivent s’accompagner d’une déclaration en mairie qui est obligatoire.

Autres dépôts , discrets : des plaques nominatives et datées provenant de tombes étrangères au cimetière local, sans doute disponibles après suppression de concession et relevage des restes et mise en ossuaire. Afin de ne pas causer des erreurs sur les occupants (les défunts) de chaque tombe, rappelons que les plaques apposées sur le monument doivent correspondre uniquement sur les personnes qui y reposent.

Pour éviter des erreurs, les plaques “étrangères” doivent être exclues. Tout au plus, on peut les peindre d’une croix de St André et les déposer derrière le monument.

Jean SPAITE Août 2021

mercredi 3 février 2021

Le cimetière et l'abbé Hatton

On ne peut aborder l’histoire du “Cimetière de Fréménil” sans rappeler un personnage érudit qui s’est manifesté en ce lieu de repos en Juillet 1936.

Ce personnage inattendu dans le monde religieux, c’est l’Abbé Emile HATTON un curé archéologue.

Mais avant de venir s’illustrer au cimetière de Fréménil en 1936, faisons un rapide retour sur sa vie antérieure.

Cure_Haton.jpg, déc. 2009

Le professeur éminent

L’abbé Emile HATTON relève d’une famille lorraine puisqu’il est né le 13 Mai 1882 à Saint Clément (54)

Il est ordonné prêtre le 8 Juillet 1906 à l’âge de 24 ans. Remarqué par l’administration diocésaine pour son érudition, il va être amené à consacrer 19 années, coupées par son service militaire et la grande guerre, à l’enseignement professoral. Le 1er Octobre 1906 il intègre l’Ecole des Hautes Etudes, on le retrouve Docteur ès lettres de l’Université de Nancy. Le 1er Octobre 1908 il est nommé professeur au Collège St Pierre Fourrier de Lunéville, puis 2 ans plus tard, professeur au Petit Séminaire de Bosserville le 1er Octobre 1910 . Il y aura donc l’interruption de la 1ère guerre mondiale suivie de son affectation comme professeur à St Sigisbert à Nancy à partir du 12 Février 1922, puis la même année à dater du 1er Octobre 1922 au Collège de La Malgrange à Jarville.

Ce long périple d’enseignement l’épuise et l’a tenu à distance de son rôle sacerdotal qui est sa véritable vocation.

Sa demande est acceptée par sa hiérarchie qui lui attribue la desserte des paroisses de Domjevin et Fréménil, son presbytère étant fixé à Domjevin.

Le curé de campagne

On le retrouve donc à l’âge de 43 ans curé de Domjevin et Fréménil à dater du 8 Août 1925. Prêtre imprégné de son rôle pastoral il étonnait son auditoire par ses prêches d’un haut niveau religieux. Il réussissait à captiver ses fidèles peu habitués à une qualité oratoire qui en surprenait plus d’un. Il est vrai que le desservant de la paroisse pouvait se déclarer professeur d’histoire, membre de l’Académie Stanislas, et se révélait être un archéologue averti ayant exploré les divers sites de la région: routes et vestiges romains notamment.

En prenant la suite de son prédécesseur l’Abbé Joseph MEYER qui a rénové le pèlerinage de Notre Dame de la Bonne Fontaine dépendant de la paroisse de Domjevin, il n’oublie pas que ce lieu béni est sis sur l’emplacement d’un hameau détruit en 1308, Frisonviller qui retient l’attention de l’historien archéologue qui veille en lui.

Il restait accessible à tous, lui qui émanait de ce monde rural qu’il connaissait particulièrement bien, parcourant les environs avec sa “bécane de curé”, n’hésitant pas à s’arrêter pour saluer les gens et parler avec les anciens en mots de patois lorrain qu’il lui arrivait de pratiquer. Ce qui valait cette réflexion: “Il nous comprend, il est de chez nous”. D’autant plus que le curé de campagne s’activait au jardin de son presbytère, taillait sa vigne et s’occupait de ses abeilles à son rucher ! Un personnage universel dans ses compétences, ce qui en étonnait plus d’un, mais qui ne délaissait pas pour autant ses chères études historiques et archéologiques dont il faisait profiter ses paroissiens au cours de causeries de bonne tenue, engendrant un respect admiratif de son auditoire: “Not’ curé, c’est un savant ! ”.

A chaque fois qu’il venait pour y célébrer la Sainte Messe, l’amateur d’art qu’il était éprouvait un sentiment sublime pour l’église Saint Pierre aux liens de Fréménil qui avait le privilège d’abriter un mobilier exceptionnel : la chaire à prêcher en bois sculpté du XVIIIe siècle (1770-1790 ), le remarquable tableau de St Pierre aux liens montant au ciel, rehaussé de glaces biseautées, situé en arrière-plan du maître-autel en marbre galbé et mouluré, surmonté d’un retable et d’un  tabernacle en bois sculpté doré, datant également du XVIIIe siècle.

Un décor admirable et  pourtant inattendu pour une église de campagne. 

Jeanne Livet, mai 2010

Le curé archéologue

Dans les différentes appellations de lieu-dit du village de Fréménil, il en était une qui intriguait énormément notre curé archéologue: c’était “le Camp” situé à l’Est du village, où se trouvait le nouveau cimetière communal depuis 1887 après l’abandon du premier cimetière de l’église. Après une longue étude historique afin de définir l’emplacement d’un éventuel Camp et une demande d’autorisation en bonne et due forme, l’Abbé HATTON décida de prospecter le terrain sous la forme de fouilles.

Avec des moyens restreints et l'utilisation d’un pendule dont il se révélait un expert, avec l'emploi de terrassiers de bonne volonté: Messieurs Lucien CARMENTRE et Georges DURAND, l’Abbé HATTON limita son sondage sur la parcelle 78 (terre cultivable) et la parcelle 79 (cimetière) en retrait de 60 m. environ du CD19A. Sur la parcelle 78 il ne trouva rien d’évident (quelques vestiges de tuiles), cependant que sur la parcelle 79 (cimetière) au droit de la tombe de la famille DIDELOT (concession N° 4) une fouille sous la forme d’un puits lui confirme l’existence d’une construction des temps anciens. Il met à jour des restes de sculpture, des fragments d’une statue en grès assez vraisemblablement un cavalier à l’anguipède. Ladite sculpture fut par la suite remise par ses soins au Musée Lorrain de Nancy. A ses yeux d’historien, il y avait eu à cet emplacement une villa romaine, plus exactement gallo-romaine, construction typique d’une exploitation agricole.

Mais la satisfaction de l’archéologue fut de courte durée, car le propriétaire de la tombe N° 4, Eugène DIDELOT, craignant que les fouilles ne puissent “faire découvrir les pieds de l’Augustine” qui était enterrée là, toute proche, fit venir le Maire, Henri BENOIT (maire de 1930 à 1940) et les gendarmes pour mettre un terme à cette opération.

Fort de son bon droit, autorisation à l’appui, l’Abbé HATTON fit intervenir la Société d’Archéologie Lorraine, la Préfecture.

Le 20 Octobre 1936, le Sous-Préfet représentant de la République, se retrouva dans l’allée du cimetière fréménilois au côté de l’Architecte des Monuments Historiques pour soutenir le curé archéologue. Mais face à l’opposition du Conseil Municipal, les recherches historiques furent abandonnées et le puits garde toujours son secret. Les fouilles furent comblées et tout rentra dans l’ordre.

Et notre curé professeur d’histoire fut muté en fin d’année 1936 à Nancy auprès de l’Evêque Monseigneur FLEURY pour s’occuper en tant que rédacteur, de la revue diocésaine “La Semaine Religieuse”.

Précisons que la sculpture statue du cavalier à l’anguipède remise au Musée Lorrain de Nancy par l’Abbé HATTON avait été reproduite en dessin par une jeune fille de talent Madeleine BLAISE sur la demande de l’archéologue découvreur de manière à garder une trace.

Après le cimetière de Fréménil…

Nous voici le 3 Août 1936, Emile HATTON a 54 ans et se trouve nommé Directeur de La Semaine Religieuse à Nancy auprès de son évêque Monseigneur FLEURY.

Le voilà loin de sa Lorraine champêtre et de son ministère de curé de campagne où il se trouvait bien. Sans aucun doute il regrette de ne pas avoir eu la possibilité de poursuivre ses découvertes archéologiques du cimetière de Fréménil; mais il garde une certitude: il avait raison, en ce lieu il y a bien eu une villa gallo-romaine.

Ses activités rédactionnelles à la Semaine Religieuse lui permettent néanmoins des recherches historiques, des rencontres avec des sommités dans le domaine archéologique. Dès le 7 Janvier 1937, il produit une conférence remarquée à la Faculté de Lettres de Nancy ayant pour thème “Les vestiges gallo-romain de Domjevin “

Emile HATTON présentera au fil des ans de nombreuses études historiques dont:

  • ”Les Soeurs de la Charité Saint Vincent de Paul”
  • Un ouvrage historique sur “La Chartreuse de Bosserville”

Il arrête sa collaboration à La Semaine Religieuse en 1946 soit après 10 ans de son activité rédactionnelle, sans pour autant renoncer à son intérêt pour la recherche historique.

Il se retire à Nancy puis, en fonction des années qui passent et de ses conditions physiques qui évoluent, il consent à prendre une retraite à 73 ans en 1955 au Bas Château d’Essey lès Nancy(Fondation St Vincent de Paul)

On peut supposer que ses meilleurs amis étaient ses documents historiques, ses dossiers de recherches archéologiques qui lui restaient fidèles.

Il quitte le Bas Château pour rejoindre la Maison de Retraite de Prêtres, la Villa Saint Pierre Fourrier à Villers lès Nancy où il décède le 16 Juin 1963 à l’âge de 81 ans.

La cérémonie religieuse d’adieu a eu lieu en l’église Saint Joseph de Nancy.

Emile HATTON, ce curé exceptionnel, repose au cimetière du Sud de Nancy, Tombe N°4- Section 51-Sépulture des prêtres du diocèse de Nancy et Toul.

Qu’il repose en paix.

Jean SPAITE Février 2021

Bibliographie: 

lundi 18 janvier 2021

Le cimetière de Fréménil

Cimetiere Fremenil 02.jpg, sept. 2013

LE LIVRE DES DÉFUNTS, DES PAGES PLEINES DE VIES...

LE CIMETIÈRE DE FREMENIL

Le Cimetière désigne le “lieu de repos” ( du latin Coemeterium ) et même “dortoir”.

Le cimetière accompagne intimement l’église, puisqu’il était de tradition de réunir autour de l’église, le lieu où l’on prie, les restes des morts.

Le premier cimetière autour de notre église, vu les cartes postales anciennes qui sont parvenues jusqu’à nous, on peut évaluer à une quarantaine de tombes établies précisément autour de l’édifice religieux.

Il existe encore des villages où le cimetière reste encore autour de l’église; mais ils ne sont pas nombreux et correspondent à une évolution démographique faible.

Le gros avantage du cimetière près de l’église, est le lieu d’inhumation à proximité immédiate du lieu de culte où s’est déroulée la cérémonie d’adieu. Ce positionnement facilite la prière auprès des défunts après la messe dominicale fréquentée régulièrement aux siècles précédents. L’inconvénient de cette situation s’est révélé au fil des ans où la succession des inhumations des défunts a conduit à la saturation du cimetière. Face à une évolution démographique positive, le nombre d’habitants augmentant, à échéance, le nombre de décès à suivi la même courbe, se traduisant par une saturation évoquée ci-avant. C’est au cours du XIXe siècle que le problème d’encombrement du lieu de repos est devenu récurrent obligeant les instances municipales à s’orienter vers un nouvel espace cimetière, éloigné du village.

Le nouveau cimetière de Fréménil a été ouvert en 1887.

Cimetiere Fremenil 05.jpg, juin 2018

Le premier défunt enterré est Jean-Joseph TOUBHANS (1822-1887) [tombe N°1]

A cette époque le maire de la commune était François-Nicolas-Camille MENGIN, maire de 1871 à 1896. Il a eu une action positive dans la suppression de l’ancien cimetière situé autour de l’église pour son transfert au nouvel emplacement sis au lieu-dit “Le Camp”. Il a participé financièrement aux dépenses des portes (piliers et ferronneries).

Les ossements provenant de l’ancien cimetière ont été peu à peu incorporés (inhumés) dans les nouvelles concessions. Le “surplus” a été inhumé dans l’ossuaire situé au pied de la croix du cimetière au centre du mur du fond. A cet endroit ont été enterrés aussi des morts-nés (fausses-couches).

Deux tombes anciennes subsistent auprès de l’église jusqu’environ 1935-1938.

Implantation des tombes.

C’est donc en 1887 que le nouveau cimetière a accueilli ses premiers défunts.

La capacité totale du cimetière définie initialement s’élève à 182 emplacements.

Notons qu’en 2020, 90 emplacements sont occupés. Nous ne sommes donc pas actuellement en situation de saturation.

L’implantation des tombes s’est faite progressivement au cours du XIXe siècle sur le pourtour des murs d’enceinte des lieux. D’abord côté Ouest, puis côté Nord, suivi du côté Est, pour terminer par le côté Sud. Chaque emplacement définissant une concession a donné lieu à une implantation officielle réalisée par le maire ou son représentant 1er adjoint.

Cimetiere Fremenil 06.jpg, juin 2018

La partie centrale a vu ses premières occupations au XXe siècle.

A signaler que dans les emplacements 105 à 112 des soldats tués à Fréménil pendant la guerre 1914-1918 ont été enterrés d’abord ici, puis relevés (vers 1935-1936) pour être enterrés définitivement au cimetière militaire de Reillon.

Une grande croix en grès gris a été érigée entre 1890 et 1910 à l'extrémité de l’allée centrale contre le mur d’enceinte côté Nord. Cette croix monumentale, composée d’un socle,d’un fût et surmonté d’un croisillon, accuse une hauteur totale de 4,30 m.

C’est de part et d’autre de cette croix que l’on trouve les tombes funéraires des familles MENGIN côté Est , et ADAM côté Ouest, figures marquantes des maires de la commune.

Le cimetière communal comprend deux parties.

Cimetiere Fremenil 01.jpg, nov. 2019

Une première partie, parc végétalisé situé au bord de la route CD19A qui précède la partie cimetière proprement dit, le lieu du repos où se trouvent les tombes.

La première partie, initialement à l’ouverture du lieu en 1887 comportait une allée centrale suffisamment large pour donner accès aux convois funéraires en alignement avec la porte centrale du cimetière à double vantail. Une petite allée piétonne se situait en alignement avec la porte latérale du cimetière.

A la suite du vœux de la paroisse locale en date du 17 Mars 1918 demandant la fin de la première guerre mondiale en épargnant le village et sa population, la croix commémorative a été érigée. Cette croix est composée d’un socle surmonté d’un croisillon avec la statue de Jésus-Christ crucifié, accusant une hauteur totale de 4,00 m. Cette croix monumentale a été élevée au milieu de l’allée centrale qui a été modifiée par une séparation en deux allées latérales empruntées après cet événement par les convois funéraires.

Ces travaux afférant à cette érection se sont déroulés en 1919-1920

Une plaque en marbre avec inscription des enfants du pays morts pendant le premier conflit mondial a été apposée sur la face avant du socle, cependant que la face arrière était munie d’une autre plaque en marbre rappelant le vœux de la paroisse.

La plaque avant a été complétée par les noms des victimes des conflits suivants.

Un panneau rappelant le groupe de Résistance locale figure à gauche du monument.

Ainsi donc ce monument de reconnaissance religieuse érigé à l’initiative de la paroisse a été adopté par la municipalité (laïque) pour y rappeler les enfants du pays morts pour la patrie.

Bel exemple de reconnaissance commune et pacifique.

Cimetiere Fremenil 03.jpg, mai 2018

Dans les années 1930 la partie végétale de ce parc a vu la plantation ornementale de sapins qui ont été supprimés dans les années 1950-1960.

En Octobre 2014, des travaux de modifications des allées d’accès et création d’un parking de stationnement ont été réalisés.

Les visiteurs du cimetière se sont habitués à la nouvelle présentation.

Le parcours des camions des professionnels dans les passages en courbe près de l’entrée du cimetière proprement dit se traduit par des affaissements avec retenues d’eau en période pluvieuse nécessitant un nouvel empierrement et une nouvelle couche de roulement afin de redonner un aspect convenable à cet environnement.

C’est également à la faveur des travaux de modifications des allées d’accès que le râtelier de dépose des vélos a été enlevé. Les visiteurs du cimetière venant à bicyclette regrettent cette longue absence. Il serait souhaitable de réinstaller cet équipement qui manque depuis six ans déjà.

Pénétrons maintenant dans la deuxième partie du cimetière, à savoir le lieu de repos, là où se trouvent alignées les tombes de nos défunts.

Le cimetière , lieu de repos.

Après une telle définition, on pourrait en déduire que c’est un lieu où il ne se passe rien.

Détrompez-vous: le cimetière a une Vie qui lui est propre.

D’abord en tant que lieu de repos, il y a le cérémonial de l’adieu au défunt qui fait l’objet d’un rassemblement de la famille, des amis. Ce cérémonial s’accompagne de prières et d’un dernier discours d’adieu. Après la descente du cercueil en son ultime abri, les ouvriers de l’entreprise funéraire referment la tombe. L’assistance qui s’est effacée retourne auprès de la tombe en petit groupe soit l’après-midi soit le lendemain. Dans les jours qui suivent, on revient encore avec des fleurs, pour évoquer sans fin celui ou celle qui vient de nous quitter.

Passent les jours, et les visites suivent avec des prières et des soins aux fleurs.

Les années sont marquées en nos calendriers par des fêtes motivant une visite aux défunts: la Toussaint et le jour des morts, la fête des Rameaux qui nous vaut le dépôt d’un bouquet de buis béni, et puis tant d’autres fêtes ou anniversaires rendant bien vivant le cimetière...lieu de repos.

Nous avons eu l’occasion au siècle dernier d’avoir le privilège de rencontrer une personne qui fréquentait régulièrement le cimetière.

Après le recueillement bien légitime sur la tombe familiale où se trouvaient ses défunts, elle supprimait les mauvaises herbes qui avaient l’audace de profaner la concession. Puis elle passait d’une tombe à une autre, œuvrant à son action de désherbage tout en parlant à ceux-là qui, hélas, n’étaient plus vivants. “ Mais c’est normal puisque je les ai tous connus, et même leurs parents et grands-parents !!! “ Le cimetière...lieu de vie.

Parmi les visiteurs des cimetières, nous avons les généalogistes qui, au-delà de leurs enquêtes aux archives départementales, s’activent à retrouver les emplacements où les défunts reposent désormais. Les inscriptions sur les plaques s’avèrent précieuses en renseignements. Serait-ce la découverte d’un cousinage inconnu ou oublié? Allez savoir…

Autres visiteurs spécialisés: les recherches des combattants des différentes guerres.

Un nombre important de ceux-ci reposent dans les différents cimetières militaires (REILLON par exemple); mais bien des familles ont voulu récupérer les corps de ces victimes dans une tombe familiale ou une tombe privée en concession perpétuelle.

Les parents du défunt disparaissent également et l’entretien de la tombe n’est plus assurée. Le transfert des restes en cimetière militaire se révèle fort coûteux avec comme conséquence le renoncement du Souvenir Français à l’effectuer.

Dans notre cimetière sur deux emplacements (N° 86 et N° 88) le Souvenir Français a adopté la solution de mise en place d’une croix normalisée “cimetière militaire” avec identification et dalle bétonnée pour la partie horizontale, pierre tombale.

Cette opération de transfert de concessionnaire a été effectuée en 2002.

Le problème d’entretien des tombes des soldats se trouve simplifié et est assuré par des bonnes volontés locales.

Améliorations possibles. Présentation.

Parmi les améliorations souhaitables concernant la présentation du lieu de repos, on pourrait avancer le revêtement en enrobés de l’allée centrale entre la porte d’entrée à double vantail jusqu’à l’allée transversale arrière devant la grande croix du fond du cimetière. Prévoir de laisser libre l’accès à l’ossuaire existant au pied de cette grande croix.

Le revêtement que l’on choisirait de couleur orangée pour donner une atmosphère un peu chaude au cimetière.

Évoquons Jacques PRÉVERT : “Mettons de la couleur dans notre grisaille…”

Ce revêtement nouveau serait limité à une longueur de 50,00 mètres sur 2,00 mètres de large, de manière à rester dans un montant financier abordable. Rappelons qu’une commune voisine (Domjevin) a réalisé l’ensemble des allées de son cimetière en couleur noire ce qui confère au lieu un aspect funèbre, sobre, tout en facilitant la circulation des visiteurs piétons ou en fauteuil roulant, mais avec une dépense élevée.

Au préalable de ce travail de revêtement, il serait procédé au transfert des gravillons existants de la partie à intervenir avec une répartition des éléments sur toutes les allées restantes qui accusent un manque d’éléments évidents en certains endroits.

L’allée centrale dans sa nouvelle présentation donnerait immédiatement au visiteur un aspect favorable du lieu, fait de propreté et d’ordre bien visible.

Rappelons que lors d’une cérémonie d’inhumation, un arrêt est toujours prévu sur cet emplacement pendant le ou les discours d’adieu avant la mise au tombeau.

Autre amélioration souhaitable:

La pose d’un panneau avec le plan du cimetière avec positionnement (avec N° des tombes) des concessions, ainsi que la liste des dénominations des tombes (familles…)

De nombreux cimetières sont équipés de ces panneaux ce qui facilite la recherche des tombes pour les visiteurs des lieux.

La bonne présentation du lieu de repos confirme le respect à ceux qui nous ont précédé.

“On reconnaît le degré de civilisation d’un peuple au respect qu’il a pour ses défunts…”

La plupart des monuments funéraires installés au XIXe siècle consiste en une partie horizontale recouvrant la fosse où a été enterré le cercueil, et une partie verticale dressée en chevet composée d’une stèle avec en surplomb un croisillon. C’est sur cette stèle qu ‘est fixée une plaque avec la désignation des défunts.

Le manque d’entretien, conséquence de la disparition des familles héritières, se traduit par un affaissement de la partie horizontale dans 50% des cas, et par une inclinaison dangereuse de la partie verticale dans 25% des cas. Le nombre de sépultures affectées par ces dérangements risque d’augmenter au fil du temps qui passe. Pour assurer la sécurité des usagers du cimetière, la municipalité devrait logiquement procéder à la dépose des monuments en cause. Ce qui n’est pas le cas pour la plupart des cimetières de nos villages pour raison financière. Cette situation qui affecte sérieusement la présentation du lieu de repos a sensibilisé deux personnes de bonne volonté qui, de 2009 à 2020 ont réalisé progressivement la remise en état de 20 tombes. Il reste néanmoins 5 à 6 tombes méritant de moindre travaux, mais d’ores et déjà le cimetière de Fréménil présente un aspect correct.

L’exemple de rénovation pourrait-il être suivi par les générations suivantes: on devrait l’espérer.

La solution économique consiste en un comblement de l’affaissement de la partie horizontale et un nettoyage d’ensemble de la sépulture.

C’est ainsi que notre cimetière communal aura droit à une bonne présentation.

Nous avons évoqué la présence de la Croix monumentale qui domine le cimetière adossée au mur d’enceinte côté Nord. Depuis plus de 110 ans, des mousses peu à peu se sont agglutinées sur ses flancs. Un sérieux nettoyage serait le bienvenu pour donner à cet imposant calvaire un aspect convenable.

La venue de la crémation.

Si l’on se réfère à la parole biblique :

“Tu es poussière et tu retourneras en poussière“

Plein de sagesse, ce rappel nous invite à la modestie, à l’humilité et se rapproche d’une autre vérité :

“ Vanité des vanités , tout n’est que vanité “

La première urne funéraire est apparue en 2008 dans notre cimetière sous la forme du dépôt de ladite urne sur une sépulture familiale existante ( emplacement N° 132 ).

En 2010, la construction d’une mini-tombe, appelée cavurne dans le vocabulaire technique des entreprises funéraires, a vu le dépôt d’une urne dans une cuve enterrée ( emplacement N° 124). Ce n’est qu’en Juin 2012 que le columbarium du cimetière a été érigé comportant 10 cases ( emplacements N° 92 et 117 ).

Cimetiere Fremenil 04.jpg, août 2012

En 2020, 3 cases sont occupées par des urnes.

On peut noter qu’actuellement il n’y a pas de jardin du souvenir pour recevoir les cendres des défunts qui font le choix de ce dépôt.

Le dépôt des cendres au jardin du souvenir se fait sous une forme anonyme alors que le dépôt de l' urne au columbarium, ou cavurne, ou sépulture familiale existante, comporte une identification.

Marque du temps, la démarche funéraire de crémation, jusqu’alors peu pratiquée, peut se développer dans les années à venir. D’où l’intérêt d’en surveiller l’évolution dans l’occupation progressive des cases du columbarium construit en 2012.

Agrandissement

Nous avons évoqué au chapitre ”implantation des tombes” que l’occupation des emplacements nous permet d’avoir une réserve suffisante pour les années prochaines.

Nous ne sommes pas actuellement en situation de saturation.

Le terrain voisin situé au Nord du mur de clôture sera dévolu à l’extension ultérieure du cimetière. Comme il s’agit d’une ancienne carrière de sable et gravier comblée par des remblais divers, il sera indiqué que chaque nouvelle tombe qui y sera implantée devra être réalisée avec une cuve bétonnée par respect aux défunts inhumés dans cette partie agrandie.

Conclusion - Réflexions

“ Une visite au cimetière ? Mais vous n’y pensez pas: il n’y a rien à voir !!!...”

Plusieurs fois nous avons entendu cette remarque.

Et pourtant, c’est ici que reposent ceux que nous avons connus, que nous avons aimés.

Du vannier qui faisait de beaux paniers d’osier, ou assis sur son pèleu au moment des soles, de la chère mémère coiffée de sa halette qui faisait de si bonnes crêpes: Ils sont là !

Plus près de nous, il y a des pères , des mères, des frères et sœurs qui sont notre famille.

Tous ont laissé une trace de leur passage sur cette terre. Ici, c’est un mur construit par le maçon, là c’est le plafond oeuvré par le plâtrier, là encore on garde le souvenir de l’habile couturière aux commandes de sa machine à coudre, et quand en notre église sonnent encore les cloches, on peut évoquer ceux qui s’y sont illustrés comme sonneurs ou carillonneurs.

Chacun à sa façon a apporté en ce monde ses précieux talents malgré ses insuffisances, puisque la perfection n’existe pas .

Celui qui croit au ciel, ou celui qui n’y croit pas, vient s’unir par l’esprit à tous ceux qui nous ont précédé; ceux qui reposent ici, comme ceux qui, au cours des guerres, sont restés loin de nous dans des pays étrangers.

Et l’on ne peut oublier une évidence :

“La mort fait partie de la vie puisqu’elle en marque la fin “

“Du monde d’ici bas tu n'emporteras rien”

Quelle leçon de sagesse qu’une visite au cimetière.

Le cimetière de chez nous est un lieu qui invite à une forme de recueillement, de méditation.

En lisant ces mots de réflexions, vous venez, vous aussi, de penser à autre chose que vos soucis quotidiens.

Car nos défunts, eux aussi, ont eu des problèmes à surmonter, comme nous tous c’est certain.

Ils nous ont laissé un village en héritage .

Montrons nous en dignes, puisque c’est notre patrimoine.

Convenez-en : Vous avez bien fait de venir au cimetière….

Jean SPAITE Décembre 2020

dimanche 21 janvier 2018

Conférence à Manonviller sur "Les portes monumentales de la Vallée de la Vezouze" le 10/02/2018

Chers abonnés,

Cette petite brève pour vous informer que notre ami, historien régionaliste, Marc Gabriel, donnera une conférence le 10 février prochain à la Salle Polyvalente de MANONVILLER sur le thème :

Les portes monumentales de la Vallée de la Vezouze

Sujet dont nous avons souvent parlé sur notre site puisque Fréménil s’enorgueillit d'une belle porte, hélas fortement endommagée le 5 novembre 1916 par un obus allemand.

En souhaitant une large affluence à cette intéressante conférence,

Jean Spaite - Janvier 2018

ConferencePorteMonumentale.jpg

mardi 17 octobre 2017

Une plaque pour le blockhaus Ouest

Que de fois sommes-nous intervenus sur le site fremenil.com pour signaler l'abandon des blockhaus héritages du passé militaire de notre village, plus exactement au cours de la guerre 14-18.

L'actualité récente se traduit par l'installation d'un poteau support d'une pancarte signalant le blockhaus OUEST, ouvrage latéral au CD19A .

PanacarteBlockhausOuest02.jpgPanacarteBlockhausOuest01.jpg

Dans le cadre du centenaire de la date de construction de cet ouvrage fortifié, c'est la moindre des choses. 

Monsieur le Maire nous a promis de compléter cette innovation par l'installation sur le montant du poteau support d'une plaquette imprimée avec le texte suivant :

Le blockhaus OUEST a été construit en 1917 par l'armée française.
Cette fortification en béton armé est constituée de deux chambres cubiques abritant chacune une mitrailleuse lourde.
Cet ouvrage était destiné à assurer la protection du village face à une attaque éventuelle de l'ennemi venant du NORD :
BLEMEREY- VEHO où se situait le front.
Un ouvrage identique destiné aux mêmes fonctions a été construit côté EST.

Souhaitant une réalisation prochaine d'un tel programme qui serait intéressant d'associer à un nettoyage de l'environnement : tonte du gazon, propreté de la partie supérieure de l'ouvrage.

N'oublions pas le blockhaus EST.

Peut-être que la première étape concernant le blockhaus OUEST incitera-t-elle à sauver également son frère fortifié côté EST...

Jean  SPAITE    Octobre  2017

jeudi 1 juin 2017

Sauvons le blockhaus Est

Non, ce n'est pas la première fois que nous vous parlons des blockhaus situés sur notre commune et tout particulièrement du Blockhaus Est qui gît en plein abandon.

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Depuis notre dernier article en date de Dimanche 9 Avril 2017, illustré par une photo montrant l'état d'envahissement par la nature de l'ouvrage militaire centenaire, nous sommes retournés sur place le Samedi 13 Mai. Constat : Un dépôt de terre important tente de faire écran au blockhaus Est abandonné. Une manière de dire sans vergogne : "Loin des yeux, loin du coeur ". La dernière photographie est affligeante. En un mois de temps, on affiche encore plus son mépris en occultant le sujet. Ces deux vestiges militaires font partie du Patrimoine et ont droit à un respect légitime par une mise en valeur.

Blockhaus Est, Facade Nord, 1979

Rappelons Edmont DELORME, Historien érudit, Président fondateur de l'Association des Amis des Beaux Arts et des Arts Industriels de l'Arrondissement de Lunéville, dans son ouvrage "Lunéville et son Arrondissement" 1927-Tome 2- Pages 202-203 : "Village ...(où l'on ) retrouve la plus curieuse des constructions blindées que cette guerre a laissées dans notre région". Suit la description des ouvrages bétonnés.

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Plus près de nous, le site de la Communauté de Communes de la Vezouze rappelle dans son inventaire des monuments intéressants de la Vallée de la Vezouze (Rubrique:Zoom Communes: Fréménil)...les blockhaus de Fréménil. Il convient donc de préserver ces témoins du passé.   

De notre coté sur notre site nous avons fait paraître de nombreux articles appelant au sauvetage et à la mise en valeur de ces monuments. En voici le rappel :

  • 25 Mars     2006   >  Monuments.
  • 30 Octobre  2008   >  11 Novembre 1918-11 Novembre 2008: 90 ans déjà.
  • 14 Février  2009   >  Réquiem pour un blockhaus.
  • 31 Mai      2013   >  Souvenirs de 14-18: 100 ans, un anniversaire.
  • 15 Décembre 2013   >  Centenaire de la guerre 14-18.
  • 12 Mai      2014   >  Blockhaus à l'abandon.
  • 11 Juillet  2015   >  Les maisons nouvelles.
  • 23 Février  2016   >  Le blockhaus Ouest.
  • 4 Aout     2016   >  Préservation du Patrimoine.
  • 9 Avril    2017   >  Le blockhaus Est.

Voilà plus de 10 Ans que nous appelons AU SECOURS, sans résultat.

Quelle ingratitude vis à vis de ces poilus, nos aînés, qui ont construit de leurs mains il y a un siècle ces ouvrages de défense destinés à protéger notre village et ses habitants.  L’œuvre de nos aïeux ne doit pas tomber dans l'oubli.

 Ah ! Si tous les gars du monde voulaient se donner la main...

Renouvelons notre APPEL AU SECOURS, en espérant , enfin, en une réalisation de la mise en valeur des blockhaus de Fréménil, dans le respect de ceux qui nous ont précédés. N'oublions jamais que les générations à venir jugeront sans pitié les générations précédentes. Le mépris du Patrimoine témoin de l'Histoire sera traduit comme une faute impardonnable.

Jean  SPAITE     Mai 2017  

dimanche 9 avril 2017

Le blockhaus Est

NON, ce n'est pas la première fois que nous vous parlons des monuments militaires, témoins de la première guerre mondiale, implantés à chaque extrémité de notre commune. Déjà,  à la veille de la commémoration du centenaire, nous avions fait paraître un article souhaitant réveiller en local la fibre patriotique ( Souvenirs de 14-18: 100 ans un anniversaire )

Seul geste, le dégagement de la partie supérieure du Blockhaus OUEST (côté Domjevin-Bénaménil) qui a eu droit au désherbage des chardons et des orties poussant sur un dépôt inapproprié de terres (article "Blockhaus Ouest" ).

Le Blockhaus Est dit du Cimetière (côté Ogéviller) particulièrement négligé se trouve asphyxié par la végétation laquelle, oubliée de tout entretien depuis de nombreuses années, se traduit notamment par la présence d'arbres qu'il est grand temps de transformer en bois de chauffage, ce qui n'est pas un chantier insurmontable.

A l'occasion du Centenaire du premier conflit mondial, en mémoire de nos ancêtres, ces braves Poilus qui ont construit avec sueur, avec fatigue, avec peine ces monuments peu communs de la stratégie militaire, les deux blockhaus de FREMENIL doivent être sauvés et mis en valeur. Le devoir de mémoire passe par cette étape. C'est un acte de respect envers nos soldats, une preuve que leurs sacrifices n'ont pas été vains.

Nous publions une photo récente du Blockhaus Est vue partie arrière avec les deux porches d’accès, mais entouré d'une végétation abondante et indécente.

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En saisissant "Blockhaus" dans le champ "Rechercher" et en cliquant sur "ok" vous pourrez consulter tous les articles concernant les Blockhaus de FREMENIL.



Jean  SPAITE   Avril 2017

Sur le banc...

Sur_le_banc.jpg"Sur le Banc", c'est le titre d'une émission créée en 1937 sur Radio Luxembourg, arrêtée pendant la guerre et reprise de 1949 à 1963.

Présentée par l'actrice Jane SOURZA (1902-1969) et Raymond SOUPLEX (1901-1972) chansonnier et acteur, respectivement dénommés CARMEN et LAHURLETTE. Elle avait pour thème de brocarder les différents aspects de la vie quotidienne vue par les deux clochards de service, mais aussi de passer à la moulinette les personnalités et évènements de l'époque. Carmen et Lahurlette ont eu un succès mérité dont le seul décor était un banc public où avait lieu le dialogue croustillant entre les deux compères ponctué de coups de vin rouge, la boisson nationale!!

A propos de banc, notre attention s'est arrêtée sur les vestiges d'un banc qui subsiste en notre village et qui pourrait être classé monument historique, tant les exemplaires sont rares.

Devant la maison située 9 Grande Rue, propriété de Mr Marcel HENRY, on peut voir les piliers en grès sculpté qui servaient de supports à un banc situé à l'extérieur de l'immeuble. Le banc proprement dit était constitué par une grande planche d'assise épaisse de 5 cm. large de 40 cm. et longue de 4m.58. Elle s'encastrait dans la rainure des piliers extrêmes et reposait sur le pilier médian. La longueur totale de cet équipement de repos était de 4m.84. Les deux piliers extrêmes sont décorés d'une sculpture d'inspiration florale plutôt inattendue et d'un bel effet.

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Ce genre d'équipement n'est pas courant et relève d'une certaine aisance du propriétaire constructeur en 1822,en l’occurrence Mr Nicolas MANGIN Maire de la commune de 1820 à 1829. Le banc complet a existé jusqu'en 1940-1944. Il avait été amputé d'une partie de planche d'assise côté droit et était resté en cet état jusqu'à la fin du XXe Siècle. Au siècle nouveau, il ne reste plus que les trois piliers témoins de cet ancien espace de repos.

Mais tel qu'il reste, orphelin de sa planche de repos, ce banc du XIXe siècle mérite l'intérêt, et pourquoi pas, une rénovation.
  

   Où pouvoir encore maintenant
   Parler d'amour?
   De la pluie et du beau temps
   En toutes saisons?
   OUI, mais c'est bien sûr...
   SUR LE BANC !


Jean  SPAITE  Avril  2017

Sources : Le cliché "sur le banc" en N&B est extrait du site www.cinema-francais.fr

samedi 11 février 2017

Fréménil et sa porte monumentale

FVPorteMonumentale01.jpgEn écho à la récente parution du nouveau livre d'Antoinette AUBRY-HUMBERT "Les Portes Monumentales du Lunévillois - Fin XVIIe et XVIIIe siècle":
 

  • Rappelons que la porte monumentale de MARAINVILLER située initialement 9 Rue Charles CHATTON, a été sauvée d'un exode vers l'Amérique grâce à l'action de Mr François ZAUG de MARAINVILLER avec l'aide efficace de Mr Jacques LAMBLIN, député de LUNEVILLE. La porte d'origine, démontée puis restaurée est remontée maintenant près de l'église du lieu faisant l'admiration de tous les visiteurs.
  • Autre mise en exposition visible à NANCY dans l'enceinte du Conseil Général 48 Rue du Sergent BLANDAN auprès des services du CAUE (Conseil d'Architecture, d'Urbanisme et d'Environnement) de la copie de la porte monumentale d'OGEVILLER située 23 Rue du Chateau, un chef-d'oeuvre dans sa réalisation par les apprentis du CFA de SAVERNE section des métiers de la pierre en Janvier 2007.
  • Souhaitons que FREMENIL, elle aussi, retrouve un jour une copie de sa porte monumentale afin de faire revivre cette richesse architecturale. A l'exemple de MARAINVILLER, ce projet pourrait trouver sa place contre le mur extérieur de la sacristie à l'arrière de l'église. La copie serait située non loin de la porte actuelle, 4 Rue de la Prairie, réduite aujourd'hui dans sa présentation après avoir été fortement endommagée le 5 Novembre 1916 par un obus allemand.
  • Autre solution réalisable entièrement en local, à l'exemple de la belle fresque murale oeuvre du groupe de peintres amateurs talentueux inaugurée officiellement le 15 Octobre 2016 : Un tableau illustrant la porte monumentale de FREMENIL dans son aspect initial pourrait trouver une place d'exposition pérennisant le souvenir de cet ouvrage architectural exceptionnel qui manque encore après un siècle.

Ce projet cadrerait tout à fait avec l'embellissement du village.

Jean  SPAITE   Février 2017

jeudi 4 août 2016

Préservation du patrimoine

La télévision nous offre chaque année le concours du plus beau village de France sous le titre "Le Village préféré des Français", une émission qui nous permet d'admirer un ensemble architectural différent suivant les régions , mais qui nous oblige à reconnaître notre modestie en ce qui concerne notre petit village.

Pourtant, d'années en années l'effort réalisé localement pour le fleurissement du village porte ses fruits et tout en présentant un aspect favorable et coloré se trouve logiquement récompensé par les instances officielles.

De l'époque du XIXe siècle et du début du XXe siècle, nos maisons lorraines avec leurs portes de granges à linteaux en anse de panier avaient le tort de voisiner avec le tas de fumier pourtant taillé au carré traduisant la richesse du propriétaire fermier. La voirie s'est aussi améliorée apportant un signe d'urbanisation. En notre XXIe siècle, on remarque un effort notoire dans la présentation des maisons qui, s'inspirant de la province voisine l'Alsace à laquelle nous sommes très attaché, s'affiche maintenant avec des fleurs et des parterres verdoyants.

Mais ce qui signale un village par dessus-tout, c'est le bâtiment le plus haut, le plus remarquable, en l’occurrence l'église. Tout le monde n'a pas la chance de posséder un château avec tours et donjon, mais nous avons une église qui se détache architecturalement de tout le bâti du village. Elle mérite une visite car elle recèle des tableaux et des meubles religieux de grande valeur et classés "monuments historiques". Reconnaissons aujourd'hui que la mise en valeur de l'ensemble mériterait un effort bienvenu. Nous avons hérité de nos ancêtres qui nous ont précédés dans l'Histoire de ce petit village d'une église bâtie à la force des mains, endommagée par les guerres, les révolutions, les tempêtes et les incendies; mais rebâtis, reconstruites courageusement avec l'aide des religieux mais aussi et surtout des paysans du lieu qui ont permis cette renaissance que nous devons pérenniser en ce XXIe siècle et pour l'avenir.

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Voir sur le site :

Comme nous l'avons indiqué précédemment, nous n'avons pas ici la présence d'un château fort attirant des touristes.

Mais nous avons la chance de posséder deux blockhaus construits par nos soldats lors de la première guerre mondiale avec des matériaux provenant des ressources locales.  Situés à l'Ouest du village (côté Bénaménil, Domjevin) et à l'Est (côté Ogéviller), ils avaient pour rôle de protéger notre village des attaques ennemies venant du Nord (côté Vezouze). Le blockhaus Ouest latéralement au CD 19A est bien visible mais mériterait une mise en valeur coïncidant avec la période actuelle du Centenaire de la guerre 1914-1918. Le blockhaus Est situé derrière le cimetière se trouve dans un état affligeant imposant un dégagement complet de son environnement immédiat.

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Voir sur le site :

Voici deux vestiges du conflit qui a fait tant de morts et qui accusent l'indifférence, la négligence, le manque de reconnaissance en local de notre génération.  Si rien n'est fait, dans les siècles à venir, la génération actuelle sera montrée du doigt par nos descendants en découvrant cette carence.

Il est grand temps d'agir pour la préservation de notre PATRIMOINE local, tant pour notre EGLISE que pour les deux VESTIGES MILITAIRES, fruits du travail opiniâtre de nos pères lors du premier conflit mondial qui a fait 18,6 Millions de morts il y a un siècle.(Voir Wikipédia)


Jean SPAITE     Août 2016

samedi 4 juin 2016

Le monument Leclerc de la forêt de Mondon

Monument_tranchee_Leclerc_Mondon.jpgSi vous empruntez la route forestière reliant BURIVILLE à MENIL-FLIN, au carrefour avec la "Tranchée des Loups", vous remarquez sur votre droite le monument de la "Chaussée LECLERC".
Érigé après la Libération, un peu oublié les années suivantes, ce monument présentant une croix de Lorraine évidée méritait une rénovation. C'est chose faite depuis fin Avril 2016.

Deux plaques-souvenirs rappellent la création d'un axe routier solide pour assurer le passage de la 2éme DB dans la Forêt de Mondon en lieu et place du chemin forestier "la Tranchée des Loups" rendu impraticable pour les chars par suite des intempéries de longue durée qui ont sévi en cette période. C'est le 13éme Bataillon du Génie sous les ordres du Commandant GRAVIER qui a conçu et réalisé ces importants travaux permettant un accès stratégique de 3,6 Km en sous-bois jusqu'à HABLAINVILLE,OGEVILLER et BACCARAT le 31 Octobre 1944 en contournant la Route Nationale LUNEVILLE, BACCARAT, St DIE (RN 59). Un Régiment de Génie Américain, le 1101 Engineer Combat Groupe, avec des bulldozers et 120  camions est venu prêter main-forte au 13éme Bataillon de Génie Français. Rappelons que cet axe routier renforcé a pu être réalisé en empruntant des pierres et des gravats provenant de deux villages détruits de REHAINCOURT (88) et St REMY aux Bois (54).
 
Saluons cette réalisation effectuée sur une courte durée (4 jours) et par des conditions atmosphériques peu favorables : pluies et brouillards.

Retenons la devise du 13éme Bataillon du Génie :

"A me suivre,
" Tu passes.

Et formulons l'espoir de conserver ce monument LECLERC en bon état pour l'avenir.


Jean SPAITE         Juin 2016

Pour en savoir plus, vous pouvez consulter le site de la Bataille de Lorraine

mardi 23 février 2016

Le blockhaus Ouest

Avant :

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Après :

Blockhaus.Ouest.2016.jpg

C'était le Mardi 2 Février 2016. Le temps était pluvieux, il y avait du vent, et les deux employés du syndicat de gestion des ouvriers intercommunaux du Pays de la Vezouze ont été dépêchés pour dégager la partie supérieure du blockhaus Ouest envahie par de la terre glaise et une herbe sauvage où dominait les chardons et les orties. Il était grand temps d'éliminer ce décor disgracieux à l'entrée de notre village qui, par ailleurs fait de réels efforts pour devenir plus accueillant par un fleurissement réussi. Espérons que cette première phase de mise en valeur du monument fortifié soit suivie par une autre étape dans le cadre du centenaire de la guerre 14-18 et plus particulièrement du centenaire du blockhaus qui date de 1916.

Le système défensif élaboré par les autorités militaires consistait en la construction de deux ouvrages fortifiés en béton armé situés à l'Est et à l'Ouest du village de FREMENIL. Chacun des ouvrages "abritait deux chambres de mitrailleuses cubiques hautes de cinq à six mètres, larges d'autant, et réunies par une galerie de dix mètres environ de longueur", "les meurtrières sont dirigées vers le Nord du côté de BLEMEREY" ( description d'Edmond DELORME dans LUNEVILLE et son Arrondissement- Tome 2 ). Entre ces deux fortins, la défense était complétée par des tranchées équipées de ronces barbelées établies à la partie Nord du village sur la prairie (quartier de la Banvoire).

Concernant le blockhaus Ouest, la seconde étape de mise en valeur, après le nettoyage effectué de la partie supérieure, pourrait consister en une réalisation d'une surface recouverte de cailloux blancs entre l'ouvrage fortifié et le CD 19A très fréquenté, en donnant une image plus soignée et néanmoins peu onéreuse en investissement.  Le blockhaus Est situé près du cimetière présente un état de délaissement certain imposant un travail plus conséquent.

Après cette évocation historique et ces considérations techniques, à la manière de Georges CHEPFER (1870-1945) chansonnier et humoriste lorrain, laissons place à l’interprétation de la mère de "not' Mimile" pour évoquer cet évènement, à savoir le Centenaire du blockhaus de FREMENIL.

"Tiens toi droit Mimile ! Enlève ton bèret quand ça joue La Marseillaise. C'est-y pas Dieu possib' un jour comme aujourd'hui où c'qu'on célèbre les 100 ans d'la guerre de 14 et les 100 ans d'la construction du blockhaus. Pense à ton pépère qu' était mobilisé et qu'a travaillé avec les aut' poilus pour faire le gros machin-là en béton. Et tout ça à la main Mimile : fallait pas qu'i soient feignants les ouvriers du temps-là. Et faudrait pas l'oublier le blockhaus-là comme celui du cimetière, i s'ont tout fait à la main : pas d'bétonnière, pas d'bulldozer comme i disent maintenant. A c'tour qu'i s'ont enlevé toute la chardonnerie qu'était su la crête, tout comme ton bérêt su l'crâne Mimile, faut pas oublier les alentours nem', pou qu'ça soit présentab' ! Pour sûr qu'i vont s'y att'ler pisque c'est pas tous les jours les 100 ans d'la guerre de 14. I s'ont besoin qu'on les respecte les pauv' poilus qu'ont travaillé dur par tout les temps, en risquant leur vie nuit et jour pour qu'on vive en Paix maintenant. Les oublier, oublier leur ouvrage, c'est d'la pure ingratitude. T'as bien compris Mimile? T'oublieras jamais nem' ! Ah mais... "

Je vous laisse à vos réflexions...

Jean   SPAITE   Mars  2016

Autres articles sur les blockhaus de Fréménil :

dimanche 15 février 2015

Le puits à balancier de Fréménil

Dans sa précieuse monographie de 1888 consacrée à Fréménil, Aristide RENAULD l'instituteur du lieu nous signale la présence du puits à balancier de la commune. Il nous rappelle la voirie du village de cette époque avec trois rues :

  • La Grande Rue qui part de l'église pour aboutir au pont sur la Verdurette, avec accès à la prairie, desservant le quartier de "la Banvoire". De nos jours elle a pour nom "Rue de la Prairie".
  • La Rue du Puits qui part de l'église pour aller vers l'Est en direction du "Camp" (puis Ogéviller). Comme son nom l'indique, elle dessert le puits banal existant au carrefour du chemin de Buriville.
  • La Rue du Faubourg qui part du pont du ruisseau de la Maxelle pour aller vers l'Ouest en direction de Bénaménil en desservant le quartier "le Faubourg".

De nos jours, ces deux rues n'en font plus qu'une, baptisée "Grande Rue" et répertoriée officiellement CD19A. Cet axe routier constitue l'ossature Est-Ouest du village-rue typiquement lorrain où les maisons se serrent les unes contre les autres par des murs mitoyens.

On peut considérer que le village a pris naissance à proximité immédiate de la Verdurette (anciennement Ruisseau d'Alhan) pour son alimentation en eau (Voir l'article : "Depuis combien de temps notre village existe-t-il ?" ). En ce temps-là, il n'y avait pas de pollution et l'eau des rivières était potable. Le village s'est peu à peu agrandi. Dépendance des Templiers implantés à Domjevin, il passe au fil des ans et des traités sous la dépendance des Seigneurs de Blamont et d'Herbéviller. C'est avec ce seigneuriat que fut décidé l'installation d'un puits banal (relevant du Seigneur) implanté au carrefour du chemin de Buriville. On peut supposer que cette décision a fait suite à la construction de nouvelles maisons éloignées du quartier de la Banvoire et de son point d'eau.

Nous avons eu la chance de connaître ce vieux puits banal et nous vous présentons une photographie datant des années 1940.
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Le puits a été établi par terrassement à la main, c'est à dire avec pioche et pelle, jusqu'à une profondeur atteignant la nappe phréatique, soit quatre mètres environ. Les parois ont reçu une maçonnerie circulaire (1,00 m. de diamètre environ) de pierres sèches, couronnée en surface par une margelle circulaire en grès rose. Pour recueillir plus facilement l'eau dans un seau, un balancier a été élevé. Il était constitué d'un fût vertical à section carrée (0,40m.x0,40m. environ) fait d'un arbre (chêne ou hêtre) dépassant de 2,50 à 3,00m. du sol. La partie enterrée pouvait avoir 1,00m. de profondeur. Le fût vertical était percé d'une mortaise de 0,20m. environ d'ouverture qui était pénétrée par le balancier. Celui-ci était constitué par une perche oscillante en milieu de sa longueur (environ 4,00m) grâce à une tige en acier.

  • A l’extrémité haute était fixée une chaîne en acier se raccordant à une perche de petit diamètre (6 à 7 cm.) et de 2,50 à 3,00m. environ de longueur. Cette petite perche, bien rabotée et polie comme un manche d'outil était munie à son extrémité d'un système d'accrochage pour le seau destiné à puiser l'eau. L'ensemble constitué par la petite perche et le crochet était désigné sous le terme "la Landerie" du puits (dixit Marthe FLAVENOT née MANONVILLER, le 10/11/1986, confirmé par Madeleine HOURDIAU).
  • A l’extrémité basse du balancier, deux grosses pierres fixées par un cerclage métallique, constituaient le contre-poids.

Saluons le travail de nos ancêtres qui ont réalisé ce remarquable puits à balancier avec des moyens bien différents de ce que nous connaissons aujourd'hui.
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Pendant des années les habitants du lieu se sont approvisionnés en eau au puits. La margelle en grès, par une partie bien usée par les passages des seaux, pouvait en témoigner de la fréquentation. Ce n'est qu'avec l'installation de l'alimentation en eau potable par le Syndicat des eaux de Manonviller-Ogéviller (années 1920) que le puits à perdu de son importance. Pourtant le service de l'eau pour le bétail avait nécessité l’installation de deux auges aux abords immédiats du puits, et plus tard une borne fontaine.  

C'est en 1951 que la mairie décida de la mort du puits à balancier. Les insectes rongeurs s'étaient appropriés le gros fût vertical et la sécurité du voisinage n'était plus assurée. C'est Yves ADAM, maire de l'époque, qui prit cette lourde décision et c'est Lucien CARMENTRE avec Georges DURAND qui exécutèrent la sentence en prenant bien des précautions pour éviter tout accident au démontage. La margelle de grès qui portait les marques de l'histoire n'a été déposée qu'en 1970. Déplacée provisoirement près du cimetière, elle a été récupérée par l'entreprise BARASSI de Cirey sur Vezouze.

Les amateurs d'histoire lorraine ont regretté la disparition du puits à balancier de Fréménil mentionné souvent dans les descriptions du village dont il faisait partie des curiosités. Actuellement une margelle en béton est installée à son emplacement et contribue au fleurissement du village, mais ce n'est pas pareil que l'antique point d'eau.

Outre la photographie de l'ancien puits de Fréménil, nous illustrons également cet article par une vue, avec des brodeuses, du puits de Domjevin (d'après une carte postale BASTIEN-Lunéville) ressemblant à notre ancien puits, ainsi que du puits de Petitmont peint avec talent par Alfred RENAUDIN en 1897. Il y avait aussi un puits à balancier à Parroy, à Ogéviller. Tous ces puits sont aujourd'hui disparus. Notons que l'on trouvait des installations identiques en Europe Centrale et en Afrique.

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Par cette page d'histoire, à notre manière, nous avons fait revivre pour vous, le vieux puits à balancier de Fréménil.

Complétons cette évocation du vieux puits banal de Fréménil par le rappel suivant :

Pendant la première guerre mondiale, un nouveau puits a été réalisé par l'armée française. Il s'agissait d'un simple puits implanté à quelques mètres de l'ancien avec un diamètre inférieur et fermé au niveau du sol par un couvercle en béton. On peut supposer que voulant s'affranchir de la manoeuvre du balancier, les militaires ont préféré l'utilisation d'une moto-pompe en prise directe pour leurs besoins. Le corps des sapeurs pompiers communaux a réutilisé ce point d'eau jusqu'en Février 2001 date de la suppression du corps local des sapeurs-pompiers,  après 130 ans de service. Pour leur exercice périodique, on pouvait assister au fonctionnement de la moto-pompe rouge puisant l'eau dans le petit puits et pratiquant l'arrosage abondant du chemin de la gare par les tuyaux textiles posés sur le sol (Voir l'article "Les Pompiers").

Cela aussi, c'était dans le temps...

Jean SPAITE    Février 2015

Crédits Photographiques :
  • Le dessin du puits de Fréménil a été réalisé par l'auteur.
  • La photo du puits de Fréménil ainsi que les cartes postales proviennent de sa collection personnelle
  • La reproduction du tableau d'Alfred Renaudin est extraite du No.6 de la Nouvelle Revue Lorraine datée de février-mars 2011

lundi 12 mai 2014

Blockhaus à l'abandon

Blockhaus Fréménil, selon DelormeTout le monde le sait : Actuellement, nous sommes en pleine commémoration du centenaire de la guerre 1914-1918.

Ce premier conflit mondial a vu converger sur la frontière Nord-Est de notre pays les soldats mobilisés venus des quatre coins de la France et beaucoup ont donné leur vie pour que nous puissions vivre en paix. Il est tout à fait légitime de ne pas laisser cette douloureuse période sombrer dans l'oubli. Avec leur courage, avec leur sang, nos poilus, qui sont nos ancêtres, ont marqué notre terre lorraine de leur empreinte. Beaucoup reposent dans nos cimetières avec la mention "mort pour la France". De par nos communes, on rappelle leur histoire glorieuse : ici une fortification, des monuments, là des casques, des fusils et des balles, et puis des récits, des livres, des conférences, des photographies, des lettres aussi.

Cette vague d'émotion ne devrait pas laisser insensible notre propre commune qui possède en son lieu deux vestiges de la guerre 14-18; à savoir, les blockhaus Ouest et Est de part et d'autre de notre petit village. Ces monuments militaires méritent une mise en valeur alors qu'ils offrent pour le moment une figure d'abandon. Ces postes fortifiés de mitrailleuses constituaient une garde défensive du village complétée par ailleurs par un réseau de tranchées. En ces temps de danger, proche des premières lignes du front, le village abritait, outre la population restée en place, un nombre important de soldats prêts à monter au combat, mais aussi un poste de secours avec infirmerie accueillant des blessés.

Il y avait une communion entre ces acteurs de la guerre : ces troupes armées et les habitants du village dont les maisons lorraines constituaient leur abri. La paix revenue, les échanges de correspondances, les visites respectives, ont témoignés de l'importance des moments tragiques vécus ensemble dans notre petite commune.

Il restait en souvenir ces vestiges fortifiés qu'étaient les blockhaus bâtis dans bien des efforts par ces soldats avec le sable et le gravier du territoire local. Avec le temps, au fil des années, le fier souvenir témoin du passé s'est traduit par un abandon. Le blockhaus Ouest cohabité par des veaux et des arbres qui viennent mourir sur ses flans. Son frère fortifié à l'Est déjà marqué par une position inclinée, sombre dans l'indifférence sous une abondante végétation faite de ronces, d'orties, d'aubépine.

Quel spectacle affligeant en cette époque de célébrations du centenaire de la guerre 14-18 où, par d'éloquents discours, on rappelle la mémoire de tous ces braves ancêtres qui se sont battus pour défendre leur patrie, et que l'on oublie ces monuments fortifiés, témoins de leur dur travail, laissés à l'abandon.

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Il est grand temps que les édiles locales, les responsables du département et de la région se décident pour réparer cette attitude ingrate. Le réveil doit être sans délai. Nous attendons des actes au nom de nos chers soldats de 14.

Jean SPAITE    Mai 2014

Vous pouvez retrouver sur notre site quelques articles en rapport avec la première guerre mondiale :

dimanche 19 mai 2013

Du beau travail à l'église

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Enfin la touche finale a été réalisée :

La rampe d’accès de l'issue de secours de l'église est maintenant équipée d'un garde-corps.

Ce dernier se présente sous la forme d'une chaîne supportée par des appuis couronnés par une boule dorée. Mais, pour souligner l'aspect sécuritaire de cet équipement, l'homme de l'art a soudé les maillons d'une chaîne concentrique qui en marque l'extrémité. Voilà du beau travail, original, de bon gout, qui s'allie à l'architecture du bâtiment religieux. La mise en place a été effectuée courant Avril 2013.

Nos félicitations pour cette réalisation vont à Yvon RAMOS, adjoint au maire, toujours dévoué, par ailleurs soudeur de talent, ainsi qu'à Sylvie F. pour son aide précieuse dans la conception et la mise en oeuvre. Qu'ils soient tous deux vivement remercié pour cet ouvrage qui s'inscrit également comme un équipement sécuritaire attendu depuis des années. 

Il reste encore énormément de travail à effectuer en cette église, bâtiment communal depuis la loi de 1905, pour en assurer correctement une remise en état. Espérons en une réalisation prochaine...

J.S.  Mai 2013

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dimanche 3 mars 2013

Les Carrières

La plupart d'entre-vous connaissent la réputation du sol fréménilois qui se révèle sol siliceux à dominante sable.

A l'époque où le caractère rural était orienté vers l'agriculture, un dicton était attaché à notre village:

"Fréménil, Enfer pour les vaches, Paradis pour les femmes."

Ce qui se traduisait par le fait qu'étant donné la nature sableuse du sol, donc terres plus légères par comparaison avec les terres lourdes, les terres argileuses, les cultivateurs du lieu pouvaient atteler pour les travaux des vaches à leurs charrues ou à leurs chariots. Les pauvres bêtes devaient quand même produire du lait comme toutes bonnes vaches; donc un double travail d'enfer pour elles, et les exploitants agricoles faisaient l'économie de l'achat de chevaux qui coûtaient toujours trop cher ! Pendant ce temps les femmes du lieu s'adonnaient aux travaux de broderie, soit perlée (maison ADAM), soit blanche (maison MANONVILLER), ce qui était moins pénible que les travaux des champs. Le dicton mérite néanmoins une double remarque : à cette époque, on ne connaissait pas l'agriculture intensive même si le sol, du fait de sa nature sableuse, était plus facile à travailler, d'où l'utilisation des "vaches de trait", mais les femmes de ce temps-là , en plus des travaux de broderie, n'hésitaient pas à aller dans les champs pour seconder leur mari et participer à leur tâche; ni dans les jardins dont la plupart du temps elles assuraient la production potagère.

Ainsi donc notre sol fréménilois est à dominante de sable. Vous avez pu vous en rendre compte lors des récents travaux de terrassements des maisons nouvelles de notre village. La couche de terre arable n'est pas très épaisse (20 à 30 cm. par endroit) et on découvre le sable mélangé au gravier-caillou sur 1m. à 3m. Ceci est le résultat des alluvions des temps anciens, après que les eaux qui recouvraient les terres se furent retirées.

L'exploitation du sable sur notre commune remonte à de nombreuses années. Les carrières se situaient près de notre village. Les deux plus importantes sont au Faubourg côté Ouest, et près du Cimetière côté Est.

La carrière du Faubourg a été exploitée fin XIX° siècle pendant une grande période et surtout au XX° siècle à l'époque de la construction du "Tacot", le chemin de fer de Lunéville à Blâmont et à Badonviller, pour l'exécution de la plateforme de la voie ferrée. Au cours de la 1ère guerre mondiale, la carrière du Faubourg est mise à contribution en 1916 par l'armée française pour la construction du blockhaus Ouest, encore visible de nos jours. La paix revenue, elle participera tout comme la carrière côté Est à la reconstruction des villages détruits : Domjevin, Blémerey, Reillon, Vého.

Côté Est, on a une autre carrière dite du Cimetière, qui se situe à gauche de la route D19A vers Ogéviller, sur une longueur de 500m. environ et une largeur de 100m. environ. Le terrain a fait l'objet d'un achat par la commune en 1998 et son comblement s'est effectué jusqu'en janvier 2000. Au voisinage immédiat du cimetière, on a du mal à imaginer l’impressionnant trou de 5m. environ de profondeur qui a perduré pendant de longues années et qui témoignait de l'exploitation de sable à cet endroit. L'importante carrière du Cimetière a été mise a contribution pour la construction du blockhaus Est, dit du Cimetière, en 1916 et qui avait pour rôle la protection efficace du village occupé par l'armée française. Le blockhaus Est, tout comme son homologue à l'Ouest dit du Faubourg, abritait deux postes de mitrailleuses lourdes face à la menace ennemie côté Nord, située au-delà de Blémerey, sur le front toujours actif pendant les quatre années du conflit.

Les carrières Ouest et Est étaient desservies par un chemin de fer à voie de 0,60 Type Decauville et dénommé "le petit Tacot"(voir article "Le petit tacot de la forêt de Mondon"-Voie Etroite N°328 Juin-Juillet 2010), qui remontait vers le Nord pour rejoindre Blémerey, Reillon. Après 1918 quand la paix est enfin revenue, ce même petit train a servi à la reconstruction des villages détruits pendant la guerre. Le sable de Fréménil a permis la reconstruction des murs des maisons de Blémerey, Reillon, Vého. L'exploitant des carrières était l'entreprise France-Lanord et Bichaton de Nancy et son chef de travaux était Mr. BOUDINI.

A cette époque de la reconstruction, la demande en sable étant devenue importante, on va voir l'ouverture et l'exploitation de nouvelles carrières situées au Nord du village, derrière les jardins des maisons de la Grande Rue et le ruisseau de la Verdurette. C'est à cette époque également qu'une nouvelle carrière s'est ouverte juste derrière le cimetière (lequel avait été inauguré en 1887). Cette dernière carrière après exploitation a reçu les perles et paillettes mises en décharge par Christian ADAM puis par son fils Yves. Ces surplus de perles faisaient le bonheur des filles du village qui venaient s'approvisionner à bon compte pour réaliser des colliers et des bracelets de toute beauté. La petite carrière derrière le cimetière a été comblée en 1990 et constitue aujourd'hui un terrain réservé à l'extension future du cimetière.

Cette exploitation intensive du sol fréménilois s'est poursuivie jusque vers 1930. En plusieurs endroits, on peut encore en trouver des traces par le sol bouleversé. En plus des carrières du Nord du village, une carrière a vu le jour côté route d'Ogéviller, voisine de la première maison du village (1 Grande Rue) et occupée maintenant par une construction nouvelle (propriété de Mr. Francis C.). Dans un parc appartenant à Mr. Henri BENOIT, cafetier (maire du lieu de 1930 à 1940), une carrière a été creusée laissant un trou à la forme de cuvette où les jeunes (dont je faisais partie) aimaient s'amuser à des parties de culbutes et en période hivernale à des glissades en traîneaux. Précisément cette carrière a été comblée en 1989.

La grande carrière du Cimetière côté Est a été comblée en grande partie et nivelée. Elle sert actuellement de zone de dépôt de matériaux de la commune et doit dans l'avenir accueillir la salle polyvalente nouvelle. Il reste encore une partie de carrière au sol bouleversé et occupé par des sapins notamment. Quand cette surface, après acquisition par la commune, sera nivelée et appropriée, elle aura vocation de terrain de sports qui fait cruellement défaut à la population jeune actuelle qui se révèle nombreuse.

Cette étude historique des carrières de Fréménil nous amène immanquablement à penser à demain pour un équipement souhaitable pérenne.

Un constat : L'exploitation du sol fréménilois en tant que sable et gravier s'est traduit par une richesse économique bienvenue et appréciée.

Le temps n'est plus où l'on pouvait voir le "Père BOUDINI" passer du sable à grands coups de pelle sur la claie métallique de la grande carrière du Cimetière. C'était au temps passé...

J.S.  Mars 2013 

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jeudi 16 juin 2011

D'une paroisse à l'autre

L'Est Républicain du 11 Juin 2011 nous informe de la signature d'une convention de souscription en faveur de la réhabilitation de l'église Sainte Thérèse de l'enfant Jésus de Villers-les-Nancy. Rappelons que cette église est fermée depuis octobre 2010 pour raisons de sécurité et nécessite la réalisation d'importants travaux de remise en état. Construite en 1930, cet édifice religieux qui a marqué tout un quartier de Nancy et sa proche banlieue relève du diocèse en application de la loi de 1905. Il n'en est pas de même de tous les édifices religieux existants avant cette loi de séparation de l'église et de l'état. Ceux-ci relèvent des communes et font partie du patrimoine communal avec par conséquent l'obligation d'entretien "en bon père de famille"...


Délégué départemental de la Fondation du  Patrimoine, Michel VICQ, signataire de la convention de souscription pour cette restauration a rappelé en termes vertueux les conseils à retenir en regard de la conservation du patrimoine que nous avons l'honneur de citer ci-après :

"Il ne faut pas pleurer les choses qu'on n'a plus.
"Il faut empêcher qu'elles meurent.
"Or, une église, dans un village, comme dans une ville,
"c'est le mémorial des années défuntes et des silhouettes anciennes.
"Elle incite secrétement à la méditation.
"Elle est un endroit où l'histoire est vivante.
"Elle est aussi le murmure des époques et incarne la noblesse du sacré,
"en nourrissant les croyants pour les uns,
"la fierté pour les autres.

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Ces précieuses paroles, émanant d'une personnalité compétente, qui défend le patrimoine et en assure la sauvegarde, doivent nous faire réfléchir en local sur la préservation de notre église qui accuse certaines faiblesses et a bien besoin de travaux de conservation. Souhaitons que cela ne tarde pas trop !

  J S   Juin 2011

dimanche 12 juin 2011

Le poteau Michelin

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  • Modeste, méconnu, ignoré dans son coin, 
    au carrefour du chemin de l'ancienne gare,
    il était là...
    Le poteau Michelin.
  • Planté vers 1930, il a subi la guerre
    dont il est sorti blessé, avec un trou béant
    et de nombreux éclats...
    Pauvre poteau Michelin.
  • Une main anonyme en 1946
    a pansé sa blessure
    par un gros colmatage en ciment,
    et depuis, plus rien...
    Pour le poteau Michelin.
  • Les années en passant, la pluie, le vent,
    l'avaient rendu bien terne.
    Les jets de cailloux, les traces de goudron
    sur sa plaque émaillée
    portaient la signature
    des enfants turbulents,
    des personnages ingrats...
    Pauvre poteau Michelin.
  • Et pourtant, aujourd'hui
    dans le soleil lorrain,
    éclatant de beauté, il revit.
    Sans bruit, des bénévoles
    après un sérieux travail
    l'ont remis en état
    pour que, digne à nouveau,
    il indique fièrement
    au voyageur perdu
    son chemin...
    Le beau poteau Michelin.
  • Étonné, un passant a même dit
    qu'il avait retrouvé
    une nouvelle jeunesse
    et qu'il était bon,
    pour au moins
    Cent Ans
    Et 100 ans, c'est demain!
    Alors longue vie...
    Au poteau Michelin.

Jean SPAITE     Juin 2011 

Si vous souhaitez en savoir un peu plus sur les fameux Poteaux Michelin qui fleurirent au bord de nos routes dans les années 30, je vous invite à visiter cet excellent site, consacré aux-dits poteaux : Les années 30, poteaux de signalisation


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lundi 4 avril 2011

Les inscriptions sur les linteaux de portes

Nous avons eu l'occasion d'évoquer la porte monumentale de Fréménil (4, Rue de la prairie) dans notre billet du 25.03.2007 paru par ailleurs dans la Revue Lorraine Populaire. Une telle oeuvre remarquable n'était pas à la portée de toutes les bourses. Les propriétaires des maisons plus modestes, qui néanmoins désiraient laisser dans la pierre la trace de leur passage sur terre, s'orientaient plutôt vers une inscription sur le linteau de la porte d'entrée de leur habitation. Quant aux simples maisons de manouvriers, elles étaient dépourvues de toutes marques et de toutes inscriptions. L'anonymat leur était dévolu. La date de construction d'une maison correspondait presque toujours avec la date d'entrée du couple propriétaire dans la nouvelle demeure avec un délai d'un an ou deux, soit le temps de la construction de la maison.

Les inscriptions sur les linteaux de porte, ou sur les clefs de voûte des entrées de grange en « anse de panier », caractéristiques des fermes lorraines datent des XVIIIe  et XIXe siècle. Elles auraient été l'oeuvre d'ouvriers, tailleurs de pierre, sculpteurs venant du Tyrol, de Suisse, d'Italie ou de Haute-Savoie sur une période s'étalant de 1701 à 1850. Au cours de cette période il y eu le règne de Stanislas, Duc de Lorraine de 1737 à 1766. Ce monarque bienveillant fit appel à des artisans de qualité pour réaliser les monuments qui font l'orgueil de notre Lorraine. Mais toute cette main d'oeuvre talentueuse et compétente, au décès du bon roi, a dû terminer les ouvrages entrepris. Puis, les dirigeants ayant changé, les programmes de travaux et leurs financements s'amenuisant et surtout la Révolution, les guerres, les invasions, les disettes, les épidémies et de nouveau des guerres. Tous ces évènements ont réduit considérablement la réalisation de ces décors d'architecture. Les artisans sont, soit repartis dans leur pays d'origine, soit pour subsister, se sont convertis à des travaux moins artistiques, maçonnerie ordinaire, voir manœuvre agricole ou bûcheronnage. Dans ces périodes tourmentées la vie de tous les jours, quand ce n'était pas la survie, était primordiale. 

Dans notre village, notre attention s'est portée sur seize emplacements constitués par des linteaux et une clef de voûte comportant des dates de construction, des initiales et des dessins (coeurs notamment) dont nous rapportons l'illustration. Il est fort possible que d'autres inscriptions et décors existent par ailleurs dans des maisons construites aux XVIIIe et XIXe siècle, dans les parties adjointes au corps de logis primitif. A vous chers lecteurs et concitoyens d'en faire la découverte. Comme toujours, cliquez sur les images (vignettes) pour en voir un agrandissement.

Emplacement des linteaux Fréménil

Pour décrypter le message des initiales, la meilleure méthode, si vous êtes propriétaire des lieux est de s'en remettre à votre titre de propriété qui, à la suite d'une vente ou d'un héritage, vous a été remis par votre notaire. Cet acte notarié est précieux, car il vous fait l'historique de votre bien avec citation des dates et des personnes. Considérée comme une lecture fastidieuse, l'énumération de ces gens que vous n'avez pas connus se révèle comme la clef du mystère permettant l'identification de ces anonymes inscrits sur le fronton de votre porte d'entrée. Alors merci Messieurs les notaires pour ces narrations fortement utiles.

Une autre méthode relève de la généalogie, valable uniquement si vous avez une indication concernant les familles propriétaires qui ont trouvé l'abri dans la maison en question. La date de mariage, correspondant souvent ou à quelques années près à la date inscrite sur le linteau doit vous amener à découvrir qui se cache derrière ces initiales qui vous posent interrogation. C'est une petite enquête à mener en cherchant dans l'état-civil de votre commune mais vous serez satisfait du résultat final.

Dans notre visite des linteaux du village, nous donnons ci-après une représentation graphique qu'il vous appartiendra de déchiffrer suivant les méthodes indiquées précédemment.

Descriptif des linteaux Fréménil 01Descriptif des linteaux Fréménil 02

Mentions spéciales pour quelques-unes :

Le 3 Rue de la Prairie :

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Nous sommes en présence d'un linteau particulièrement ouvragé, parmi les plus anciens du village et qui pourrait correspondre au presbytère-logement d'un curé du village. Les lettres C.M.L.L restent à identifier. Inscrit dans un ovale, le monogramme IHS traduit par « Jésus hominum salvator » soit « Jésus Sauveur des Hommes » est ici surmonté d'une croix et souligné par trois clous (ou trois lances, ou trois flèches). Le cartouche est complété à droite par « 1720 » qui nous donne la date de construction de la maison. La destination cultuelle de cette demeure est évidente. Une recherche dans l'état-civil du XVIIIe siècle apporterait vraisemblablement la traduction des quatre premières lettres. Précisons que le 17 novembre 1706, date de la bénédiction de la cloche de la paroisse (sans doute unique cloche) par le curé de Blâmont nous indique que l'église existait 14 ans avant ledit presbytère de 1720. N'oublions pas que l'on mentionne l'existence de notre village dès 1034 et qu'un lieu de culte a dû exister aux alentours de cette date.

Le 21 Grande Rue :

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Cette demeure du XVIIIe siècle avait retenu l'attention des Monuments Historiques à l'occasion d'une visite sur place de la commune en 1979 (Visite comportant l'ensemble du village, y compris notamment l'église, dans le cadre de « l'inventaire général de la Lorraine »). De part et d'autre de la clef de voûte du linteau en arc, on note dans des cartouches évidées à gauche les lettres IM et à droite BM, cependant qu'à la partie supérieure de la clef de voûte on note un cartouche avec le chiffre « 17 » et à droite le cartouche similaire complétement évidé. Il doit s'agir là d'une suppression volontaire regrettable, mais les propriétaires actuels nous indiquent la date de 1723 pour la construction de cette maison.

Le 6 Rue de la Prairie :

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Cette ancienne maison a subi de profondes modifications tant intérieures qu'extérieures surtout dans les années 1993 à 1995. Le linteau de la porte d'entrée arborait une décoration originale sous la forme d'un médaillon circulaire encadré par des parchemins symbolisant une croix. L'intérieur du médaillon circulaire présentait les initiales « I.M. » soulignées par la date « 1681 ». Ce témoignage architecturale fait de cette demeure la plus ancienne maison avec fronton décoré de porte d'entrée. Il nous faut rappeler que d'après la monographie du village rédigée en 1888 par Monsieur Aristide RENAULD, instituteur, l'actuelle rue de la Prairie avait initialement pour nom « La Grande Rue » et donc a été la première rue de la commune et elle desservait les premières maisons de Fréménil.

Le 14 Rue de la Prairie :

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Le linteau de cette maison mériterait une mise en valeur pour en obtenir une meilleure lecture. En position centrale on trouve un coeur formé curieusement par deux larmes (ou branches de svastika) avec la date « 1814 » réparti de part et d'autre. Sur la gauche on a une marguerite (ou rosace) à 6 pétales et à droite le motif circulaire n'est pas bien défini. Suivent les initiales, à gauche « F.M » et à droite « M.T ».

Le 9 Grande Rue :

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Nous sommes en face d'un linteau intéressant puisque la demeure appartenait à une famille aisée du village qui a donné trois maires compétents à la commune : 

  • MENGIN Joseph, maire de 1802 à 1814
  • MENGIN Nicolas, maire de 1820 à 1829
  • MENGIN Camille, maire de 1870 à 1896

La construction de la maison date de 1822. Elle a appartenu au couple « N.M.G » : Nicolas MENGIN (1773-1854) et « M.T.A » : Marie-Thérèse AUBRY (1777-1861). Ce linteau de porte est très lisible et bien conservé. Il est enrichi latéralement d'oreilles en demi-arrondi.

Le 5 Grande Rue :

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Nous avons ici une date « 1843 » de part et d'autre d'un coeur et deux cartouches extrêmes qui n'ont pas été gravés. Comme cette maison appartient à ma famille (SPAITE-MANONVILLER-HEFTER-ROUSSEL), je peux en parler aisément. Les premiers habitants de cette demeure sont : Jean-Joseph ROUSSEL (1817-1859) et Marie-Rose JEANJEAN (1819-1888). Ils se sont mariés en 1845 et sont entrés dans la nouvelle maison dont la construction avait duré deux ans de 1843 à 1845. On peut supposer une anecdote concernant l'inscription réalisée et en attente ! Le sculpteur a commencé par le motif central : le coeur et la date de part et d'autre. Etait-il ignorant dans les chiffres et les lettres ?... Toujours est-il qu'il s'est révélé inculte dans le dessin du chiffre 4 représenté à l'envers. Mécontentement légitime du propriétaire qui a relevé de ses fonctions le sculpteur incompétent. Les deux cartouches extrêmes sont restés vierges. Ils auraient pu indiquer « J.J.R 18 ❤ 43 M.R.J. » si le travail avait été bien fait... et mené à terme !

Le 3 Grande Rue :

Le linteau de la porte d'entrée est vierge de toute inscription, cependant que la clef de voûte en anse de panier de la porte de grange donne « 1856 » comme date de construction de la maison. Là encore, la consultation des titres de propriété peut apporter des renseignements concernant les premiers habitants de la demeure.

Le 2 Grande Rue :

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Une mise en valeur de l'inscription rend visible le coeur central entouré de la date « 1829 » de part et d'autre. Dans la partie gauche, nous avons les lettres « FD » et dans la partie droite « MAM ». Initialement, les deux extrémités étaient ponctués par une larme (ou branche de svastika) pointée à gauche pour la partie gauche et pointée à droite pour la partie droite. Une mise en peinture inopportune a transformé cette ponctuation en une sorte de fer à cheval. Dommage. Mais on peut toujours apporter une correction et revenir à la décoration d'origine. L'ensemble de l'inscription est cadré dans un cartouche rectangulaire avec latéralement des oreilles en demi-arrondi.

Le 29 Grande Rue :

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Une mention spéciale doit être décernée pour ce linteau remarquable constitué par une poutre en bois. Ce tronc brut d'équarrissage présente une courbe harmonieuse pour coiffer cette porte latérale. Une fin honorable pour un arbre de nos forêts. A préserver jalousement avec respect pour les mains et les bras qui l'ont mis en oeuvre.



Conclusion :

Si nous avons des témoignages des anciens habitants de notre village par la lecture de ces linteaux ouvragés, il nous faut signaler la disparition regrettable de ces vestiges du passé. A l'occasion d'une reconstruction, d'une modernisation, des linteaux ont été supprimés, soit pour augmenter la hauteur de passage, soit pour un changement d'accès de l'habitation. C'est également le cas au numéro 11 de la Grande Rue. Jean-Luc M. nous a signalé que lors d'une remise en état des enduits extérieurs de la maison, la date de 1831 mentionnée sur le linteau de la porte d'entrée a été complètement cachée par le nouvel enduit. De façon à faire renaître cette inscription, un bon grattage serait le bienvenu.

Préserver, entretenir ces linteaux, souligner avec soin les inscriptions par un peu de peinture pour les rendre plus visibles, voilà ce que nous pouvons faire en ce XXIe siècle pour garder près de nous ces pages d'histoire, ces messages des temps anciens, et les transmettre aux générations futures.

Jean SPAITE – Mars 2011


Pour découvrir cet aspect méconnu de l'architecture rurale, vous pouvez consulter le site Linteaux de France qui recense dans toute la France ces objets architecturaux.

samedi 19 mars 2011

Fréménil et sa porte monumentale (compléments)

PorteMonumentale01.jpgLe 25 Mars 2007 nous avons présenté la porte monumentale de Fréménil (4 Rue de la Prairie). Nous avons décrit cette porte à colonnes réalisée pour Nicolas MANONVILLER né en 1650 à Fréménil, évoqué les tristes circonstances qui l'ont endommagée fortement et l'ont amenée dans l'état que nous connaissons aujourd'hui. Si la porte ne signale pas de date en son fronton, nous pouvons estimer que la réalisation de cette oeuvre doit se situer en 1690.

L'architecture de cette porte ornementale est pleine de symboles. La niche centrale abrite une vierge qui assure la protection de la famille évoquée par les ronds inscrits dans le cartouche rectangulaire. Les motifs latéraux en forme de coquillages rappellent les parentés respectives paternelles et maternelles.

Quant au diadème supérieur semi-circulaire illustré par une forme de coquillage, il vient coiffer le tout et semble présenter au ciel une oeuvre accomplie : Avoir fait une belle famille.

Le linteau proprement-dit est accompagné par des enjolivures s'inspirant d'un décor végétal. L'ensemble est supporté par deux colonnes latérales traduisant une force solide sur laquelle on peut prendre appui. Beau message pour les temps futurs.

A la demande du CAUE 54 (Conseil d'Architecture, d'Urbanisme et d'Environnement de Meurthe et Moselle), la section "tailleurs de pierre" du CFA Jules VERNE de Saverne avait réalisé une copie à l'identique de la porte monumentale d'Ogéviller, datant de 1692. Il s'agit d'une oeuvre remarquable mise en place en 2007, qui orne avec bonheur le jardin du Conseil Général de Meurthe et Moselle à Nancy.

Et si, dans le cadre d'une épreuve à réaliser par une nouvelle promotion d'apprentis du CFA de Saverne, l'ancienne porte monumentale de Fréménil pouvait revivre dans les mêmes conditions ? Il n'est pas interdit de le souhaiter. Pourquoi pas !

Jean SPAITE Mars 2011

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