samedi 24 février 2018

Petite histoire de la Lorraine

Nous avons eu souvent l'occasion de vous parler de "La Nouvelle Revue Lorraine" (31/3/2016- 8/10/2015- 6/2/2014- 8/11/2011- 21/6/2010- 4/4/2011- 4/12/2009- 25/3/2007 etc..)
Articles à retrouver en cliquant ici.

Cette belle revue richement illustrée s'est donné comme objectif de nous présenter des articles intéressant le Terroir, l'Histoire et les Traditions. Nous vous en conseillons la lecture.   

Dans son dernier N° 48- 1er Trimestre 2018, vous découvrirez entre autre une "Petite histoire de la Lorraine" sous la plume de Jean-Marie CUNY (pages 34 à 47). Avec 7 chapitres, l'auteur a le mérite de faire découvrir notre belle province sous les volets divers:

  • La Lorraine.
  • Français ne puis, Allemand ne veux, Lorrain je suis.
  • Lorrain d'abord ! Français toujours !
  • Qu'est-ce que la Lorraine aujourd'hui ?
  • Particularités de Lorraine.
  • Arts et Musées.
  • Economie lorraine.
  • Chronologie utile : De la Lorraine Ducale à la Véme République.

Loin des grands exposés historiques, voici une manière alerte, à la portée de tous, de découvrir pour certains, de rappeler pour d'autres, une photographie inédite de notre beau pays.

Les autres articles présentés dans ce N° 48 de la belle revue ne sont pas moins intéressants et ont toujours comme dénominateur commun la connaissance de notre province.

Bonne lecture aux amoureux de la Lorraine.

Pour mémoire:   Prix du N° 10,50 Euros + 4,00 Euros port.

" La Nouvelle Revue Lorraine"
Le Tremblois
54280 LA NEUVELOTTE   

Abonnement (4 Numéros par an)  38,00 Euros.

Jean  SPAITE  Février 2018   

lundi 15 août 2016

Tombé du ciel et sauvé par la Résistance...

A propos d'un récit sur la chute d'un avion allié le 27 Août 1944 dans le secteur de BENAMENIL, les recherches des historiens permettent de progresser pour une meilleure connaissance de ce crash.

Rappelons que dès 1997, sous le titre "Tombés du ciel" nous avions fait paraître un article dans la Revue Lorraine Populaire (RLP N°134-Février 1997) concernant les aéronefs tombés dans le Sud Lunévillois. Plus précisément en page 281-Repère 11- nous citions l'avion allié tombé le 27 Août 1944 dans le secteur de BENAMENIL.

En 2009 nous avons publié un ouvrage "La Résistance à FREMENIL" évoquant cette chute d'avion et le sauvetage d'un membre de l'équipage par le groupe de résistance de FREMENIL (voir notre article).

En complément de cet acte de sauvetage, nous avions fait un écho "En mémoire des Résistants de FREMENIL" faisant appel a un besoin légitime d'une plaque-souvenir pour marquer cet événement. La réalisation de cette plaque-souvenir a été effective le 11 Novembre 2015 au cours de la cérémonie anniversaire du 11 Novembre 1918.

Toujours sur notre site, le samedi 20 Juin 2015, nous avions rappelé la composition du groupe local de Résistants, le sauvetage d'un membre de l'équipage de l'avion du 27 Août 1944 (date initialement mentionnée), et l'évocation que ce fait des soldats de l'ombre méritait d'être sauvé de l'oubli.

Dans le monde discret des chercheurs de cette histoire des chutes d'avions de la deuxième guerre mondiale, les spécialistes avancent sérieusement. Sous réserve de renseignements toujours plus précis concernant ce crash, nous pouvons donner une image de cette tragédie. Longtemps annoncé comme étant une Forteresse volante US l'aéronef est en fait un avion anglais de la RAF.

Avro_Lancaster.jpg
Il s'agit d'un avion AVRO type LANCASTER MkI du N°61 Squ. Avion Bombardier de nuit britannique (Royal Air Force) quadrimoteur.

Sa mission : Bombardement de RÜSSELHEIM (Allemagne)

Décollage le 25/08/1944 à 20h32- Base LUDFORD MAGNA Lincolnhir UK (Angleterre)

N° de l'avion : NN 705 SR-O Type LANCASTER MkI

N° de l'escadrille : N° 101 Squadron

L'équipage était composé de 9 membres :

  • Chef de bord- Pilote       : FO.  STELL Malcom Joseph        31 ans (RN ZAF) Royal Newealand Air Force
  • 2° Pilote - Mécanicien     : FO.  ROSS  William              23 ans (RC AF)  Royal Canadian Air Force
  • Navigateur                 : Sgt. BRIERS John William        36 ans (VR)     Volontaire Réserve
  • Navigateur- Bombardier     : F.Sgt. SCHOFIELD Eric           33 ans (VR)            "
  • Bombardier-Opérateur Radio : F.Sgt. REID John Mac Donald     20 ans (VR)            "
  • Mitrailleur                : Sgt. ROWLEY Joseph Peter        22 ans (VR)            "
  • Mitrailleur                : Sgt. BRACEGIRDLE Julian Charles 26 ans (VR)            "
  • Mitrailleur                : Sgt. TWELL Harry                32 ans
  • Mitrailleur                : Sgt. MORE  Thomas                ?

Notons que l'équipage normal d'un LANCASTER MkI se compose de 7 membres. Il y avait donc 2 personnes supplémentaires pour cette mission.

Si l'on se réfère au récit de Gaston CARMENTRE résistant qui a opéré au sauvetage d'un membre de l'équipage, le LANCASTER revenant de sa mission de bombardement en Allemagne avait survolé OGEVILLER avec un moteur en feu. Poursuivant sa course à basse altitude au dessus de la forêt de MONDON, le Sergent Thomas MORE Mitrailleur en aurait profité pour sauter en parachute et atterrissant brutalement à la lisière du bois sur la commune de BENAMENIL. Le groupe de résistants avec notamment Julien MALGRAS a opéré rapidement au sauvetage de l'aviateur blessé aux jambes en le cachant chez lui à FREMENIL. Gaston CARMENTRE nous rappelle dans son récit (voir "La Résistance à FREMENIL" 2009 page 21) l'épisode du transport du blessé caché dans une charrette de foin jusqu'à BENAMENIL auprès du Docteur SEGALL lui-même résistant, ainsi que le retour à FREMENIL en utilisant le même stratagème. Nous savons que le Sergent Thomas MORE (matricule 978 951) après guérison a pu retrouver la liberté grâce à la filière d'évacuation des Résistants.

Qu'était-il advenu de l'avion et des 8 membres de l'équipage restant ?

Vraisemblablement il a du voler péniblement avec son moteur en feu dans l'espoir incertain d'un retour à sa base.

On n'a pas retrouvé le lieu exact de chute du LANCASTER. Peut-on le situer dans la région Sud de NANCY ou de TOUL ? Ce qui est certain, c'est que les 8 membres de l'équipage sont décédés et reposent désormais au cimetière britannique de CHOLOY-MENILLOT (54). Soulignons la jeunesse de l'équipage de ce LANCASTER qui a donné sa vie pour que nous vivions aujourd'hui en PAIX. Ne les oublions pas. Gardons également le souvenir des résistants de FREMENIL, acteurs efficaces du sauvetage du Mitrailleur Thomas MORE, qui ne doivent pas, eux aussi , tomber dans l'oubli.

Tombes_Equipage_Lancaster_NN_705_SR-O.jpg
Pour compléter nos recherches nous nous sommes rendu au cimetière militaire de CHOLOY-MENILLOT (CD118 Toul-Foug) dans la nécropole britannique-néozelandaise où nous avons retrouvé les tombes des huit aviateurs de la RAF qui reposent en ce lieu. Ils sont unis désormais sur une même ligne de repos [1D] reconstituant pour toujours l'équipage du LANCASTER MkI de l'escadrille 101 Squ. qui s'est écrasé le 26 Août 1944.

  • Tombe 1D1- Sergent TWELL Harry                   32 ans Mitrailleur (Anglais)          Matricule 515 294
  • Tombe 1D2- Sergent BRACEGIRDLE  Julian Charles   26 ans Mitrailleur                          "   2209182
  • Tombe 1D3- Officier Aviateur STEEL Malcom Joseph 31 ans Pilote Chef de bord                  "   424 533
    (Royal Newzealand Air Force)
  • Tombe 1D4- Sergent Aviateur SCHOFIELD Eric       33 ans Navigateur Bombardier (Anglais)      "   1506088
  • Tombe 1D5- Sergent ROWLEY Joseph Peter           22 ans Mitrailleur (Anglais)                "   1579631
  • Tombe 1D6- Officier Aviateur ROSS William        23 ans 2e Pilote Mécanicien                 "   J/26796
    (Royal Canadian Air Force)
  • Tombe 1D7- Sergent BRIERS John William           36 ans Navigateur (Anglais)                 "   1815067
  • Tombe 1D8- Sergent Aviateur REID John Mac Donald 20 ans Bombardier Opérateur Radio (Anglais) "   1318282

Le plus jeune avait 20 ans, le plus agé 36 ans...

Ils ont donné leur vie pour libérer le pays dans lequel nous pouvons vivre en PAIX. Ne les oublions pas.

Tombe_H.T.Well.jpgTombe_J.C.Bracegirdle.jpgTombe_E.Schofield.jpgTombe_M.J.Steel.jpgTombe_J.M.Reid.jpgTombe_J.W.Briers.jpgTombe_W.Ross.jpgTombe_J.P.Rowley.jpg
Restent donc les questions suivantes :

  • Quel est le lieu exact de la chute du LANCASTER du 101 Squadron ?
  • Qu'est devenu le Sergent Thomas MORE (matricule 978951) après son sauvetage par le groupe de résistants de FREMENIL ?

En ce qui concerne le lieu du crash du LANCASTER de la RAF nous lançons un APPEL à toute commune du Sud du département 54 qui a été le théâtre de cet accident pour nous signaler l’événement. Peut-être que les huit aviateurs décédés ont été inhumés provisoirement en local (cimetière communal par exemple) avant de reposer définitivement au cimetière militaire de CHOLOY-MENILLOT ce qui pourrait figurer dans les archives communales de 1944.

Espérons en savoir plus par la suite grâce à nos chercheurs de l'Histoire.

Pour l'heure, nous devons la progression des recherches historiques concernant cet épisode de la Seconde Guerre Mondiale à :

  • Michel   AUBURTIN   de FAMECK (57)
  • Alain    CARMENTRE  de MANONVILLER (54)
  • Jérome   LECLERC    de VEZELISE (54)
  • René     LOUBETTE   de BENAMENIL (54)
  • Edouard  RENIERE    de BRUXELLES (Belgique)

Rappelons également les noms des membres du groupe de Résistants de FREMENIL (Secteur 416) qui ont tous aujourd'hui disparus :

  • Julien   MALGRAS         (1905-1995) Responsable du groupe.
  • Paulette BENOIT          (1916-1971)
  • René     HENRY           (1893-1975)
  • Nicolas  DENIS           (1891-1958)
  • Pierre   ADAM            (1921-1944)
  • André    CARMENTRE       (1924-1984)
  • Gaston   CARMENTRE       (1925-1998)
  • Docteur Laurian I.SEGALL (1900-1991)

N'oublions pas ces fidèles Soldats de l'ombre.

Jean SPAITE   Août  2016

Sources :

  • Avro_Lancaster_B_I_PA474 par Kogo — Travail personnel, GFDL, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=473193
  • Photos du cimetière RAF de Choloy-Menillot : Collection personnelle

Cimetière RAF de Choloy-Ménillot :
Nous avons eu quelques difficultés à trouver la nécropole de la RAF de Choloy Ménillot. Pour vous éviter ces déboires, vous pouvez cliquer sur l'image ci-dessous pour obtenir une carte Google Maps avec les coordonnées du cimetière.

Coordonnees_Google_Map_Cimetiere_RAF_Choloy_Menillot.jpg


Here follows a Google-Translation of this article for our fellow-english readers (Sorry for the approximations) :

About a story about a plane crash ally August 27, 1944 in BENAMENIL sector, historians research permits progress towards a better understanding of this crash.

Recall that in 1997, under the title "Lost in Transit" we published an article in the Revue Populaire Lorraine (RPL No. 134, February 1997) about an aircraft fell in the South Lunévillois. Specifically on page 281-mark 11- we quoted allied aircraft dropped 27 August 1944 in the BENAMENIL sector.

In 2009 we published a book "The Resistance Fréménil" suggesting that an aircraft crash and rescue a crew member by Fréménil resistance group (see article).

In addition to this act of rescue, we made an echo "in memory of the Resistance fighters Fréménil" employing a legitimate need for a plate souvenir to mark the event. The completion of this plate souvenir was effective November 11, 2015 during the anniversary ceremony of November 11, 1918.

Always on our site, Saturday, June 20, 2015, we recalled the composition of the local Resistance group, the rescue of a crew member of the aircraft of 27 August 1944 (date previously mentioned), and evocation it makes the shadow of soldiers needed to be rescued from oblivion.

In the discrete world of researchers of this story falls aircraft of World War II, experts argue seriously. Subject to ever more specific information about this crash, we can give a picture of the tragedy. Long billed as a US Flying Fortress aircraft is actually an English aircraft of the RAF.

This is a kind AVRO LANCASTER MkI the No. 61 Squ. British Night Bombardier aircraft (Royal Air Force) four-engine.

His mission: Bombing of Rüsselsheim (Germany)

The takeoff 08/25/1944 at 20h32- Base LUDFORD MAGNA Lincolnhir UK (England)

No. plane: NN SR-705 Type O LANCASTER MkI

No. Squadron: No. 101 Squadron

The crew was composed of 9 members:

    Board- Chief Pilot: FO. STEEL Malcom Joseph 31 (RN ZAF) Newealand Royal Air Force
    Flying Officer - Pilot : FO. ROSS William 23 (RC AF) Royal Canadian Air Force
    Flight Engineer : Sgt. BRIERS John William 36 (VR) Volunteer Reserve
    Navigator - Air Bomber F.Sgt. Eric SCHOFIELD 33 (VR) "
    Air Bomber - Radio Operator : F.Sgt. REID John MacDonald 20 (RV) "
    Wireless Operator - Gunner Sgt. ROWLEY Peter Joseph 22 (VR) "
    Air Gunner Sgt. BRACEGIRDLE Julian Charles 26 years (VR) "
    Air Gunner Sgt. H.T WELL Harry 32
    Gunner Sgt. MORE Thomas


Note that the normal crew of a MkI LANCASTER consists of 7 members. So there were 2 more people for this mission.

If one refers to the story of Gaston CARMENTRE resistant which operated the rescue of a crew member, the LANCASTER returning from his mission of bombing Germany had flown OGEVILLER with an engine on fire. Continuing its low-altitude race above the forest MONDON, Sergeant Thomas MORE gunner would have the opportunity to parachute and landing abruptly on the edge of the wood in the municipality of BENAMENIL. The resistance group including Julien Malgras quickly made to rescue the airman wounded in the legs by hiding him home to Fréménil. Gaston CARMENTRE reminds us in his story (see "The resistance Fréménil '2009 page 21) episode of transporting injured hidden in a hay cart to BENAMENIL from Dr. SEGALL itself resistant, as well as return to Fréménil using the same ploy. We know that Sergeant Thomas MORE (registration number 978951) after healing could find freedom through the evacuation chain of Resistance.

What happened to the plane and 8 crew members remaining?

Presumably he has difficulty flying with its engine on fire in the uncertain hope of a return to its base.

We have not found the exact place of falling LANCASTER. Can we locate it in the South region NANCY or Toul? What is certain is that the 8 crew members died and now based at the British Cemetery CHOLOY-MENILLOT (54). Emphasize youth crew this LANCASTER who gave his life that we might live today PEACE. Do not forget them. also keep the memory of resistant Fréménil, effective actors of rescue Gunner Thomas MORE, which should not, too, fall into oblivion.

To supplement our research we realized the military cemetery of CHOLOY-MENILLOT (CD118-Foug Toul) in the British-New Zealand's necropolis where we found the graves of eight RAF airmen buried in this cemetery. They are united now in one line off [1D] reconstituting forever LANCASTER MkI the crew of the squadron 101 Squ. that crashed Aug. 26, 1944.

    1D1- Twell Tomb Sergeant Harry Gunner 32 (English) Unique Number 515294
    Tomb 1D2- BRACEGIRDLE Sergeant Julian Charles 26 years Gunner "2209182
    Tomb 1D3- Pilot Officer Malcom Joseph STEEL 31 years Driver Skipper "424533
    (Newzealand Royal Air Force)
    Tomb 1D4- Sergeant Airman Eric SCHOFIELD 33 Bombardier Navigator (English) "1506088
    ROWLEY falls 1D5- Sergeant Joseph Peter Gunner 22 (English) "1579631
    Tomb 1D6- Pilot Officer William ROSS 23 Mechanic 2nd Driver "J / 26796
    (Royal Canadian Air Force)
    Tomb 1D7- BRIERS Sergeant John William 36 years Navigator (English) "1815067
    Tomb 1D8- Sergeant Airman REID John MacDonald 20 Bombardier Operator Radio (English) "1318282

The youngest was 20, most aged 36 years ...

They gave their lives to liberate the country where we can live in PEACE. Do not forget them.

This leaves the following questions:

    What is the exact location of the fall of LANCASTER 101 Squadron?
    What happened to Sergeant Thomas MORE (registration number 978951) after his rescue by the resistant Fréménil group?

Regarding the crash of the RAF LANCASTER we launch an APPEAL to all South municipality of the department 54 which was the scene of the accident to report us the event. Maybe the eight deceased airmen were buried temporarily in local (municipal cemetery for example) before finally rest at the military cemetery of CHOLOY-MENILLOT which could be included in the municipal archives in 1944.

Hopefully more later thanks to our researchers in history.

For now, we have the progress of historical research on this episode of the Second World War:

    Michel AUBURTIN of FAMECK (57)
    Alain CARMENTRE of MANONVILLER (54)
    Jerome Leclerc of VEZELISE (54)
    René Loubette of BENAMENIL (54)
    Edouard Renière BRUSSELS (Belgium)

Also remember the names of members of the Resistance Fréménil group (Sector 416) have all disappeared today:

    Julien MALGRAS (1905-1995) Group responsible.
    Paulette BENOIT (1916-1971)
    René HENRY (1893-1975)
    Nicolas DENIS (1891-1958)
    Pierre ADAM (1921-1944)
    CARMENTRE André (1924-1984)
    CARMENTRE Gaston (1925-1998)
    Dr. Laurian I.SEGALL (1900-1991)

Do not forget these faithful shadow soldiers.

Jean Spaite August 2016

sources:

    Avro_Lancaster_B_I_PA474 by Kogo - Own work, GFDL, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=473193
    Photos cemetery RAF Choloy-Menillot: Personal Collection

RAF Choloy-Ménillot:
We had some difficulty finding the necropolis of RAF Choloy Ménillot. To avoid these disappointments, you can click on the image below to get a Google map with the coordinates of the cemetery.

jeudi 31 mars 2016

Le Dictionnaire de la Lorraine

Dictionnaire_de_la_Lorraine.jpgJean-Marie CUNY, le fondateur de la Revue Lorraine Populaire et de La Nouvelle Revue Lorraine, vient de sortir un nouvel ouvrage sous la forme d'un " Dictionnaire Historique et Ludique de la Lorraine" puisque tel est le titre de ce livre intéressant tous les curieux de notre région Lorraine . Original, parfois surprenant, il nous présente dans l'ordre alphabétique un grand nombre de renseignements historiques souvent peu connus de manière à faire découvrir notre région par un large public .


  Titre        : LE DICTIONNAIRE HISTORIQUE ET LUDIQUE DE LA LORRAINE.
  Auteur       : Jean-Marie CUNY
  Edition      : Les Editions du Sapin d'Or
                 58 Rue d'Alsace
                 88OOO EPINAL
  Vente        : * Les bonnes librairies.
                 * Jean-Marie CUNY
                 Le Tremblois
                 54280 LANEUVELOTTE
  Présentation : 222 pages- illustré- couverture cartonnée- format 27 cm.x20,5 cm.
  Prix         : 29,80 Euros (+ Frais de port )

Vous pouvez aussi Acheter ce livre directement sur Amazon.
ou sur le site de la Fnac 

Ami de la Lorraine, voilà encore un ouvrage de référence pour votre bibliothèque.
  Bonne lecture.


Jean SPAITE   Mars 2016

lundi 24 juin 2013

L'électricité dans notre village

Isolateur électrique FréménilIl existe encore des vestiges des premiers pas de l'électricité dans notre village. Datant de l'époque du courant continu 110 volts, nous découvrons encore des isolateurs datant de cette époque. Sur le pignon du local communal, que les anciens nommaient "la salle des pompes", sous entendu des pompes à incendie, il subsiste deux isolateurs scellés dans la maçonnerie : l'un est en porcelaine, de couleur blanche, l'autre est en verre, de couleur verte. Le premier supportait le fil "la phase", cependant que l'autre supportait le fil "le neutre". Voici donc des vestiges qui illustrent le récit qui va suivre : "L'arrivée de l'électricité dans notre village".

Jean Spaite    Juin 2013

Lire la suite...

lundi 4 avril 2011

Les inscriptions sur les linteaux de portes

Nous avons eu l'occasion d'évoquer la porte monumentale de Fréménil (4, Rue de la prairie) dans notre billet du 25.03.2007 paru par ailleurs dans la Revue Lorraine Populaire. Une telle oeuvre remarquable n'était pas à la portée de toutes les bourses. Les propriétaires des maisons plus modestes, qui néanmoins désiraient laisser dans la pierre la trace de leur passage sur terre, s'orientaient plutôt vers une inscription sur le linteau de la porte d'entrée de leur habitation. Quant aux simples maisons de manouvriers, elles étaient dépourvues de toutes marques et de toutes inscriptions. L'anonymat leur était dévolu. La date de construction d'une maison correspondait presque toujours avec la date d'entrée du couple propriétaire dans la nouvelle demeure avec un délai d'un an ou deux, soit le temps de la construction de la maison.

Les inscriptions sur les linteaux de porte, ou sur les clefs de voûte des entrées de grange en « anse de panier », caractéristiques des fermes lorraines datent des XVIIIe  et XIXe siècle. Elles auraient été l'oeuvre d'ouvriers, tailleurs de pierre, sculpteurs venant du Tyrol, de Suisse, d'Italie ou de Haute-Savoie sur une période s'étalant de 1701 à 1850. Au cours de cette période il y eu le règne de Stanislas, Duc de Lorraine de 1737 à 1766. Ce monarque bienveillant fit appel à des artisans de qualité pour réaliser les monuments qui font l'orgueil de notre Lorraine. Mais toute cette main d'oeuvre talentueuse et compétente, au décès du bon roi, a dû terminer les ouvrages entrepris. Puis, les dirigeants ayant changé, les programmes de travaux et leurs financements s'amenuisant et surtout la Révolution, les guerres, les invasions, les disettes, les épidémies et de nouveau des guerres. Tous ces évènements ont réduit considérablement la réalisation de ces décors d'architecture. Les artisans sont, soit repartis dans leur pays d'origine, soit pour subsister, se sont convertis à des travaux moins artistiques, maçonnerie ordinaire, voir manœuvre agricole ou bûcheronnage. Dans ces périodes tourmentées la vie de tous les jours, quand ce n'était pas la survie, était primordiale. 

Dans notre village, notre attention s'est portée sur seize emplacements constitués par des linteaux et une clef de voûte comportant des dates de construction, des initiales et des dessins (coeurs notamment) dont nous rapportons l'illustration. Il est fort possible que d'autres inscriptions et décors existent par ailleurs dans des maisons construites aux XVIIIe et XIXe siècle, dans les parties adjointes au corps de logis primitif. A vous chers lecteurs et concitoyens d'en faire la découverte. Comme toujours, cliquez sur les images (vignettes) pour en voir un agrandissement.

Emplacement des linteaux Fréménil

Pour décrypter le message des initiales, la meilleure méthode, si vous êtes propriétaire des lieux est de s'en remettre à votre titre de propriété qui, à la suite d'une vente ou d'un héritage, vous a été remis par votre notaire. Cet acte notarié est précieux, car il vous fait l'historique de votre bien avec citation des dates et des personnes. Considérée comme une lecture fastidieuse, l'énumération de ces gens que vous n'avez pas connus se révèle comme la clef du mystère permettant l'identification de ces anonymes inscrits sur le fronton de votre porte d'entrée. Alors merci Messieurs les notaires pour ces narrations fortement utiles.

Une autre méthode relève de la généalogie, valable uniquement si vous avez une indication concernant les familles propriétaires qui ont trouvé l'abri dans la maison en question. La date de mariage, correspondant souvent ou à quelques années près à la date inscrite sur le linteau doit vous amener à découvrir qui se cache derrière ces initiales qui vous posent interrogation. C'est une petite enquête à mener en cherchant dans l'état-civil de votre commune mais vous serez satisfait du résultat final.

Dans notre visite des linteaux du village, nous donnons ci-après une représentation graphique qu'il vous appartiendra de déchiffrer suivant les méthodes indiquées précédemment.

Descriptif des linteaux Fréménil 01Descriptif des linteaux Fréménil 02

Mentions spéciales pour quelques-unes :

Le 3 Rue de la Prairie :

RP03.jpg

Nous sommes en présence d'un linteau particulièrement ouvragé, parmi les plus anciens du village et qui pourrait correspondre au presbytère-logement d'un curé du village. Les lettres C.M.L.L restent à identifier. Inscrit dans un ovale, le monogramme IHS traduit par « Jésus hominum salvator » soit « Jésus Sauveur des Hommes » est ici surmonté d'une croix et souligné par trois clous (ou trois lances, ou trois flèches). Le cartouche est complété à droite par « 1720 » qui nous donne la date de construction de la maison. La destination cultuelle de cette demeure est évidente. Une recherche dans l'état-civil du XVIIIe siècle apporterait vraisemblablement la traduction des quatre premières lettres. Précisons que le 17 novembre 1706, date de la bénédiction de la cloche de la paroisse (sans doute unique cloche) par le curé de Blâmont nous indique que l'église existait 14 ans avant ledit presbytère de 1720. N'oublions pas que l'on mentionne l'existence de notre village dès 1034 et qu'un lieu de culte a dû exister aux alentours de cette date.

Le 21 Grande Rue :

GR21.jpg

Cette demeure du XVIIIe siècle avait retenu l'attention des Monuments Historiques à l'occasion d'une visite sur place de la commune en 1979 (Visite comportant l'ensemble du village, y compris notamment l'église, dans le cadre de « l'inventaire général de la Lorraine »). De part et d'autre de la clef de voûte du linteau en arc, on note dans des cartouches évidées à gauche les lettres IM et à droite BM, cependant qu'à la partie supérieure de la clef de voûte on note un cartouche avec le chiffre « 17 » et à droite le cartouche similaire complétement évidé. Il doit s'agir là d'une suppression volontaire regrettable, mais les propriétaires actuels nous indiquent la date de 1723 pour la construction de cette maison.

Le 6 Rue de la Prairie :

RP06.jpg

Cette ancienne maison a subi de profondes modifications tant intérieures qu'extérieures surtout dans les années 1993 à 1995. Le linteau de la porte d'entrée arborait une décoration originale sous la forme d'un médaillon circulaire encadré par des parchemins symbolisant une croix. L'intérieur du médaillon circulaire présentait les initiales « I.M. » soulignées par la date « 1681 ». Ce témoignage architecturale fait de cette demeure la plus ancienne maison avec fronton décoré de porte d'entrée. Il nous faut rappeler que d'après la monographie du village rédigée en 1888 par Monsieur Aristide RENAULD, instituteur, l'actuelle rue de la Prairie avait initialement pour nom « La Grande Rue » et donc a été la première rue de la commune et elle desservait les premières maisons de Fréménil.

Le 14 Rue de la Prairie :

RP14.jpg

Le linteau de cette maison mériterait une mise en valeur pour en obtenir une meilleure lecture. En position centrale on trouve un coeur formé curieusement par deux larmes (ou branches de svastika) avec la date « 1814 » réparti de part et d'autre. Sur la gauche on a une marguerite (ou rosace) à 6 pétales et à droite le motif circulaire n'est pas bien défini. Suivent les initiales, à gauche « F.M » et à droite « M.T ».

Le 9 Grande Rue :

GR09.jpg

Nous sommes en face d'un linteau intéressant puisque la demeure appartenait à une famille aisée du village qui a donné trois maires compétents à la commune : 

  • MENGIN Joseph, maire de 1802 à 1814
  • MENGIN Nicolas, maire de 1820 à 1829
  • MENGIN Camille, maire de 1870 à 1896

La construction de la maison date de 1822. Elle a appartenu au couple « N.M.G » : Nicolas MENGIN (1773-1854) et « M.T.A » : Marie-Thérèse AUBRY (1777-1861). Ce linteau de porte est très lisible et bien conservé. Il est enrichi latéralement d'oreilles en demi-arrondi.

Le 5 Grande Rue :

GR05.jpg

Nous avons ici une date « 1843 » de part et d'autre d'un coeur et deux cartouches extrêmes qui n'ont pas été gravés. Comme cette maison appartient à ma famille (SPAITE-MANONVILLER-HEFTER-ROUSSEL), je peux en parler aisément. Les premiers habitants de cette demeure sont : Jean-Joseph ROUSSEL (1817-1859) et Marie-Rose JEANJEAN (1819-1888). Ils se sont mariés en 1845 et sont entrés dans la nouvelle maison dont la construction avait duré deux ans de 1843 à 1845. On peut supposer une anecdote concernant l'inscription réalisée et en attente ! Le sculpteur a commencé par le motif central : le coeur et la date de part et d'autre. Etait-il ignorant dans les chiffres et les lettres ?... Toujours est-il qu'il s'est révélé inculte dans le dessin du chiffre 4 représenté à l'envers. Mécontentement légitime du propriétaire qui a relevé de ses fonctions le sculpteur incompétent. Les deux cartouches extrêmes sont restés vierges. Ils auraient pu indiquer « J.J.R 18 ❤ 43 M.R.J. » si le travail avait été bien fait... et mené à terme !

Le 3 Grande Rue :

Le linteau de la porte d'entrée est vierge de toute inscription, cependant que la clef de voûte en anse de panier de la porte de grange donne « 1856 » comme date de construction de la maison. Là encore, la consultation des titres de propriété peut apporter des renseignements concernant les premiers habitants de la demeure.

Le 2 Grande Rue :

GR02.jpg

Une mise en valeur de l'inscription rend visible le coeur central entouré de la date « 1829 » de part et d'autre. Dans la partie gauche, nous avons les lettres « FD » et dans la partie droite « MAM ». Initialement, les deux extrémités étaient ponctués par une larme (ou branche de svastika) pointée à gauche pour la partie gauche et pointée à droite pour la partie droite. Une mise en peinture inopportune a transformé cette ponctuation en une sorte de fer à cheval. Dommage. Mais on peut toujours apporter une correction et revenir à la décoration d'origine. L'ensemble de l'inscription est cadré dans un cartouche rectangulaire avec latéralement des oreilles en demi-arrondi.

Le 29 Grande Rue :

GR29.jpg

Une mention spéciale doit être décernée pour ce linteau remarquable constitué par une poutre en bois. Ce tronc brut d'équarrissage présente une courbe harmonieuse pour coiffer cette porte latérale. Une fin honorable pour un arbre de nos forêts. A préserver jalousement avec respect pour les mains et les bras qui l'ont mis en oeuvre.



Conclusion :

Si nous avons des témoignages des anciens habitants de notre village par la lecture de ces linteaux ouvragés, il nous faut signaler la disparition regrettable de ces vestiges du passé. A l'occasion d'une reconstruction, d'une modernisation, des linteaux ont été supprimés, soit pour augmenter la hauteur de passage, soit pour un changement d'accès de l'habitation. C'est également le cas au numéro 11 de la Grande Rue. Jean-Luc M. nous a signalé que lors d'une remise en état des enduits extérieurs de la maison, la date de 1831 mentionnée sur le linteau de la porte d'entrée a été complètement cachée par le nouvel enduit. De façon à faire renaître cette inscription, un bon grattage serait le bienvenu.

Préserver, entretenir ces linteaux, souligner avec soin les inscriptions par un peu de peinture pour les rendre plus visibles, voilà ce que nous pouvons faire en ce XXIe siècle pour garder près de nous ces pages d'histoire, ces messages des temps anciens, et les transmettre aux générations futures.

Jean SPAITE – Mars 2011


Pour découvrir cet aspect méconnu de l'architecture rurale, vous pouvez consulter le site Linteaux de France qui recense dans toute la France ces objets architecturaux.

lundi 21 juin 2010

Renaissance d'une revue régionale

Il nous est arrivé souvent de faire référence à la Revue Lorraine Populaire qui s'était fait l'écho de pages d'histoire évoquant notre pays de la Vezouze ou plus précisément des personnages, des évènements et des monuments de notre village.

Après une interruption d'une année, la belle publication régionale revient dans les rayons des librairies sous le titre "La NOUVELLE REVUE LORRAINE" avec comme thèmes: Terroir, Histoire et Traditions.
Le n°1 de cette revue trimestrielle est déjà paru pour Avril-Mai 2010. Le n°2 pour Juin-Juillet 2010 vient de sortir de l'imprimerie.

          Prix unitaire   : 6,50 Euros
          Abonnement      : France  36 Euros / Etranger port en sus.
          Fondateur et animateur : Jean-Marie CUNY
                                  Le Tremblois- 54280 LANEUVELOTTE
                                  Tel.  03-83-20-67-22
                                  Courriel: [email protected]

Il était bon de signaler une renaissance d'une revue bien présentée, riche en illustrations et en textes, qui parle de notre province.

vendredi 4 décembre 2009

La voie ferrée au service de l'artillerie... ennemie

Aprés la défaite de 1870, la France est amputée de l'Alsace-Lorraine qui se trouve annexée à l'empire allemand. La France ne vit que dans la pensée de la revanche et se dote sur la frontiére d'une succession de fortifications due au général Séré de RIVIERE, le VAUBAN moderne, face à l'ennemi de l'Est.

Le fort de MANONVILLER fait partie de cette ligne fortifiée.
Edifié à partir de 1879, il sera conforté et modernisé jusqu'en 1914 en fonction des progrés réalisés dans le domaine des projectiles explosifs auxquels il doit résister. Baptisé " FORT HAXO ", il est un fort d'arrêt, en liaison avec le fort de PONT-St-VINCENT (40 Km). Sa garnison est forte de 900 hommes sous les ordres du Commandant ROCOLLE. Son armement est composé de piéces de 155 avec tourelles, 150, 80 et 22 mm. ainsi que de mitrailleuses.

        C'ETAIT  IL  Y  A 90  ANS...

Le 3 Aout 1914, la guerre est déclarée à l'Allemagne.
Aprés une percée jusqu'à MORHANGE du 14 Aout au 20 Aout, l'armée française recule rapidement. Le fort de MANONVILLER doit
barrer la route à l'envahisseur.

Le 23 Aout, l'armée allemande se regroupe hors de portée des piéces d'artillerie française et entame un feu roulant sur le fort qui riposte de tous ses feux. Les piéces allemandes de 305, 210 et 150 sont disposées à LEINTREY, GODREXON, CHAZELLES, SAINT MARTIN et BURIVILLE. Des éléments plus légers d'artillerie se trouvent en position plus avancée à VEHO,  BLEMEREY et DOMJEVIN.

Mais le 26 Aout, le fort de MANONVILLER est sous le feu redoutable de piéces d'artillerie situées à 14 Km. qui expédient des obus d'un calibre de 420 mm, pesant 950 Kg chacun et chargés de TNT aux effets dévastateurs.  Cette avalanche d'obus va durer du 23 Aout au 27 Aout. Pendant 52 heures, le fort va recevoir 17OOO projectiles dont 159 obus de 420 mm qui vont faire des dégats considérables sur son infrastructure, sur son armement et sur ses combattants. De nombreux morts, 130 à 150 cas d'asphyxie, le fort d'arrêt est contraint à la reddition le jeudi 27 Aout 1914 à 15h30.

Que s'était-il passé pour arriver à un tel résultat?

Lors de l'avance française vers MORHANGE, suivie de la retraite, les officiers du génie français avaient bien constaté l'existence d'un épi de voie ferrée, long de 1200 m à 2 voies, sur la commune de DEUSTCH-AVRICOURT, près de la côte 290, embranché sur la ligne AVRICOURT-BENESTROFF. Considérée comme une voie d'embarquement négligeable, cette installation n'a pas justifié la destruction, sous la forme d'un dynamitage facile a réaliser à ce moment. En fait, il s'agissait de la construction de deux voies destinéesà recevoir deux piéces d'artillerie lourde sur voie ferrée allemandes (ALVF) qui ont été opérationnelles dès le 26 Aout à 4h40 du matin, expédiant alors des obus de 420 mm toutes les cinq minutes, opération déterminante dans la fin du fort.

Le fort de MANONVILLER s'est néanmoins montré efficace en retardant l'avance ennemie qui a été stoppée ensuite lors de l'épisode de "La Trouée de CHARMES".

La destruction de la base d'opération de l'artillerie lourde sur voie ferrée de DEUSTCH-AVRICOURT (aujourd'hui NOUVEL-AVRICOURT, 57) aurait peut-être changé le cours des événements sur le front de Lorraine.

Comme quoi, UNE VOIE FERREE EST TOUJOURS IMPORTANTE.

Ayons une pensée pour ceux qui ont laissé leurs vies au cours de cette terrible Premiére Guerre Mondiale...

Jean SPAITE

Article paru dans "La Revue Lorraine Populaire" N° 179 - Aout 2004


NOTA:  Voir également sur le site "fréménil.com" l'article sur "Madeleine HOUDIAU" qui évoque ces journées dramatiques du bombardement allemand du fort de MANONVILLER. Il s'agit là d'un témoignage exceptionnel sur ces évênements.


samedi 14 février 2009

La poupée du Pépére

Le PEPERE était un paysan lorrain d'une vieille famille originaire de la vallée de la VEZOUZE, né dans la seconde partie du XIX° siècle. Comme beaucoup de ses contemporains , il exploitait un petit train de culture, produisant du blé, de l'orge, des betteraves, des pommes de terre. Le jardin attenant à sa ferme lui permettait une autosuffisance en légumes. Une ancienne chènevière près du ruisseau avait été aussi convertie en terrain potager très fertile. Une petite vigne et une treille en plein midi lui fournissait son raisin. Son cheptel était celui de bien des cultivateurs du village: un cheval, le brave BAYARD, trois vaches, quelques veaux, des poules et des lapins. Quelques ruches venaient compléter son équipage, procurant à la famille du bon miel lorrain.

Dans cette région réputée pour ses productions de vannerie, il possédait également des "saulcis" d'osier lui permettant de travailler des paniers pendant la saison d'hiver, après le cycle laborieux de la coupe des "soles" suivi du pelage au "péleu" et le séchage au soleil des "soles blanches". Ainsi sortaient de ses mains habiles, des corbeilles, des "bonges", des "charpagnes", des "pagnettes", des "volettes", ces claies en osier de forme ronde pour servir la bonne tarte de mirabelles de chez nous!...Quelques arpents de prés situés dans la prairie fournissait du foin et du regain apprécié par les bêtes pendant la saison d'hiver. Ajoutez à tout cela deux vergers plantés de mirabelliers, de cerisiers, de poiriers, de pruniers et de pommiers, de quoi avoir des fruits à longueur d'année.

La MEMERE, son épouse, avait bien du travail pour assurer l'intendance avec ses deux filles. Faire bouillir la marmite  n'était pas un vain mot, tout en se consacrant au ménage, la lessive, l'entretien de la maison, le jardinage, les soins des poules, lapins et cochons,sans compter la traite des vaches. Des journées bien employées pour elle aussi, qui complétait le budget familial par la production de broderie blanche: ici, si les hommes faisaient des paniers, les femmes elles, brodaient des mouchoirs, des draps, des taies d'oreillers pour des maisons réputées de PARIS. En ce temps-là, on ne chômait pas et malgré ce travail intense, on était heureux de vivre!...
   
Activité naturelle de nos paysans lorrains pendant la saison d'hiver: le bûcheronnage. En hiver, "on allait au bois!", car le chauffage des maisons était uniquement assuré par le bois comme combustible. Ce bois qu'il fallait abattre, débarder, débiter en quartiers, ranger en stères, transporter, scier, fendre, faire sécher, puis rentrer à l'abri. D'où le constat populaire: le bois, c'est un excellent moyen de chauffage, mais il donne chaud déjà avant de brûler.

La guerre de 1914-1918 avait dévasté la belle forêt de PARROY et, dans une moindre mesure, la forêt de MONDON. Après le conflit, il a fallu déblayer la forêt qui avait servi de champ de bataille. Les arbres étaient enchevêtrés, le sol était défoncé par les tranchées, les trous d'obus, les vestiges des sapes et des abris. Nos bûcherons lorrains ont assuré cette remise en ordre, assortie malheureusement de découvertes macabres qui ont trouvé un dernier repos au cimetiére militaire de REILLON nouvellement créé. Le travail de bûcheronnage sur ce champ de bataille était rendu dangereux par la présence des obus, des grenades, parfois de mines non éclatées. Le bois lui-même, meurtri par la mitraille, présentait des éclats d'obus néfastes aux lames de scies.

Dans les années 20, le PEPERE a senti le besoin d'augmenter sa productivité et de réduire sa peine. Premiers pas du progrès dans le domaine du bois de chauffage. Si l'abattage des arbres nécessitait l'emploi des haches, des merlins et des coins, le sciage voyait l'utilisation du passe-partout, cette longue et large lame dentée équipée de deux poignées, mise en mouvement de va-et-vient par deux hommes...On ne parlait pas de tronçonneuses en ce temps-là! Cependant les stères de bois stockés sur l'usoir des fermes étaient débités "à l'os", à la scie sur un chevalet.

Le PEPERE avait alors fait l'acquisition d'une scie à ruban mue par un moteur à essence, un BERNARD-MOTEUR, qui devait être bien connu par la suite dans les exploitations agricoles. La traction de cet engin était assurée par le "BAYARD, le brave cheval du PEPERE. Et ainsi, de fermes en fermes, de villages en villages, on pouvait voir l'équipage du "scieur à domicile" préparant le combustible pour la période d'hiver, évitant le long travail de sciage "à l'os" sur le chevalet. Bien sûr, il restait à faire le fendage, mais ce travail était jugé moins pénible que le sciage.

J'ai retrouvé une photo du PEPERE et de sa scie à ruban. Le brave BAYARD attend sagement sur  le côté, les pieds dans la sciure, et les oreilles pleines du chant de la lame débitant ses morceaux de bois.


"ET LA POUPEE ?"me direz-vous...  

 J'y arrive...       

Un jour, le PEPERE a trouvé sur un tronc d'arbre le dessin d'une Alsacienne avec sa coiffe en large ruban. Sans doute l'ouvrage d'un soldat sculpteur au couteau, en mal de sa promise. Le PEPERE avait tenu à conserver ce morceau de bois, témoignage de cette guerre qui avait fait tant de mal. Longtemps, je l'ai vu suspendue à une poutre au-dessus des réduits à cochons, et quand on passait près du "toc" sculpté, on disait bonjour à "LA POUPEE DU PEPERE".


Les années ont passé, le PEPERE nous a quitté il y a bien longtemps, une seconde guerre est venue encore avec ses malheurs.   La pauvre poupée a disparu. Prise de guerre ou bois de chauffage? Nul ne peut le dire. Il reste toujours le souvenir de "LA POUPEE DU PEPERE".
                         

                                                                             Jean SPAITE

Précisons: Le portrait du PEPERE concerne mon propre grand-père Albert MANONVILLER de FREMENIL (1870-1935)

Article écrit par Jean SPAITE et publié dans la REVUE LORRAINE POPULAIRE - AVRIL 2004- N° 177


Le Nicolas

Le NICOLAS ? Mais si, voyons, vous l'avez bien connu ! Il était né en 1875 et il est mort en 1956. Il avait 81 ans. Il était une figure dans son village. Cultivateur il était, cultivateur il était resté, jusqu'à son dernier jour, amoureux de la terre lorraine qui l'avait vu naître. De taille moyenne, coiffé d'une éternelle casquette sur un visage buriné, vêtu du traditionnel pantalon de velours côtelé, il illustrait le type même du RABOUROU (1): le laboureur de chez nous. Les yeux plissés, abrités par des sourcils très fournis,

C'était surtout quand il ouvrait la bouche sous sa moustache abondante pour parler en patois lorrain que l'on était étonné par le personnage. Il maniait le parler de chez nous avec aisance et son langage me posait problème lorsque j'étais petit. Je vous avoue que ses conversations avec ma grand-mère m'obligeaient à m'interroger sur la traduction. Bien gentiment, ma grand-mère me donnait par la suite la signification des mots qui m'avaient échappés. C'est ainsi que j'ai appris le lorrain comme d'autres apprennent une langue étrangère. Comme mon bon vieux grand-père était décédé, il me prit en affection et m'invita à venir avec lui dans les champs. Lui qui avait eu seulement deux filles, il était content d'avoir un garçon dans ses pas!...

Mais comment apprivoiser un gamin lorsque l'on reconnaît son propre côté bourru et pas si facile? C'est bien simple: il y a le CHEVAL !


Après une paire de cheminement sur le dos du "MARQUIS", j'étais convaincu de la belle vie du cultivateur ! Car ce philosophe-paysan maniait l'humour à sa façon. Donc ,son brave cheval de la race ardennaise avait droit au titre de "Marquis". Le NICOLAS possédait six vaches mais avait aussi un boeuf qu'il attelait pour certains transports. Cette grosse bête m'impressionnait car elle n'était pas toujours obéissante. Il ne fallait pas aller près de ses pattes : ce "bestiau" savait décocher "ses coups en vache"! Une telle attitude lui avait donné droit au patronyme de "STAVISKY" par le NICOLAS qui n'aimait pas les banquiers frauduleux en qui il ne fallait pas faire confiance. Avec lui, j'ai connu les quatre coins du ban communal avec les lieux-dits qui fleuraient bon le terroir.

Mais quand on est jeune, on a aussi ses occupations. Il me fallait aller à l'école et laisser "le NICOLAS" à son travail agricole. Quand je le retrouvais, il en avait des choses à raconter. "Tiens, pas plus tard que ce matin, j'étais au "GRAND JOURNAL"(2), près de la grand'route, et ben tiens-toi bien : j'ai vu passer deux camions des bouillons KUB et des potages MAGGY; et pis aussi le camion d'la "COPETTE"...(3) Heureux temps où, sur la route PARIS-STRASBOURG, on pouvait encore dénombrer les camions qui passaient!...


Je me souviens aussi des casse-croute chez lui, dans la cuisine. "Le travail, ça donne faim, ça donne soif, et il faut reprendre des forces, hein petit!.." Avec un cérémonial très rustique,il invitait sa femme , la bonne ALINE, à garnir la table : la miche de pain était coupée en larges tranches et l'on avait droit à la saucisse maison "de not' cochon". Cette charcuterie fumée à coté des bandes de lard et des jambons dans la sombre cheminée occupant un large coin de la cuisine, donc cette saucisse lorraine avait été baptisée par ses soins :" le bout du monde"! Et vraiment, j'appréciais " le bout du monde" du NICOLAS ! Ses filles étaient mariées avec des hommes prénommés tous les deux RENE, il les avait classés par ordre d'ancienneté : Il y avait " le RENE 1" , marié avec l'aînée, et " le RENE 2", époux de la deuxiéme. Hommage à sa façon aux Ducs de LORRAINE. Pince-sans-rire, il annonçait que s'il avait eu une troisiéme fille, il l'aurait appelé SCHOLASTIQUE !(4) Il avait consulté le calendrier, c'est une Sainte que personne ne connaissait : alors personne ne pourrait l'appeler pour lui prendre avec un nom pareil!...

Ce qui m'étonnait toujours, c'était de l'entendre vouvoyer sa femme, la bonne ALINE. Encore une marque de respect, de courtoisie, qui relevait d'une autre époque. 

Les années passant, et marqué par la fatigue, il laissa sa ferme à sa fille cadette et à son " RENE 2". Le NICOLAS et l'ALINE habitèrent dans une petite maison située pas bien loin de la Mairie-Ecole. Là au moins, il voyait des gens : les commerçants qui passaient avec leurs camionnettes, les autres paysans qui travaillaient encore et les gosses qui jouaient sur la place du village. Cette petite maison, il l'avait pompeusement dénommée "Mon Chateau".
 
Un jour, mon cousin MARCEL est venu lui rendre visite avec son épouse.
  "- Comment qu't'es v'nu ici ?
  "- Ben, j'ai une voiture!
  "- Et où est-ce qu'il est ton auto ?
  "- Ben près d'ton ancienne maison, d'vant ta ferme !
  "- Te vas m'faire le plaisir d'aller le chercher tout d'suite et d'le mett'là, d'vant chez nô, pour que les gens d'ici i sachent que j'ai une visite qu'a un auto ! Ah, mais!...

Mon cousin MARCEL obtempéra immédiatement, répondant à cette demande impérative, mais qui donnait satisfaction à un brave homme qui n'avait jamais connu une telle richesse : avoir une voiture... devant chez lui et qui appartenait à quelqu'un de sa famille. A chacun sa fierté!!!... Ce jour-là, la brave ALINE avait ouvert la porte du petit placard placé derrière le beau poêle en faïence. Avec précaution, elle avait sorti les petits verres à pied, puis le flacon de liqueur de sa fabrication : du Blanc-Bouillon, que tout le monde appréciait.  


 "- Te n'vas pas prendre du sirop de bonne femme, MARCEL. Te vas faire comme moé: une petit' goutte!"

Et d'autorité, la mirabelle fut sortie.  Sacré NICOLAS !
 
C'était dans les années 1950. Cette année-là, l'hiver s'était montré rigoureux, plus que d'habitude. Le brave NICOLAS, moins résistant que lorsqu'il était jeune, avait attrapé une mauvaise grippe. L'ALINE "était aux cent coups"(5). Inquiéte à juste titre, puisque le NICOLAS était si mal fichu qu'il était resté au lit une partie de la journée. En cachette, elle fait appeler le Docteur SEGALL, du village voisin. Surprise du malade à la visite à domicile du praticien :
  "- J'ai jamais vu de toubib depuis le Conseil de révision! Alors!..."

Auscultation, diagnostique, traitement: 
  "- Vous allez faire chambre à part pour ne pas refiler votre grippe à votre ALINE.
  "- Jamais d'la vie. J'ai tojo eu ma fôme avo mi, c'name astour que j'vas changer ! (6)
  "- Et puis je vais vous donner un bon sirop. Restez bien au chaud et au bout de huit jours, ça doit aller mieux.
  "- Bon, pour le sirop, passe enco', mais pour le reste, faut pas trop y compter!"
  Consciente de son rôle d'épouse et de soignante, la bonne ALINE veille à l'observation scrupuleuse de la prise de sirop...
  Le flacon de sirop "miraculeux" voisinait dans le petit placard derrière le poêle en faïence juste à côté de la bouteille de mirabelle. Il a beau être qualifié par le docteur de "bon sirop", le NICOLAS n'apprécie pas son goût qu'il trouve amer !
Alors à sa manière , il s'est soigné :                                                                                      "- Allez, c'est l'moment d'prendre le sirop là!". Il prend la cuillère de potion et hop, il recrache vite le sirop sur le plancher. Rien de tel, à son avis, que de prendre une goutte de mirabelle à la place!
Et pour les traces par terre ?
  "- Voyez ALINE, vol enco le peûh katz-lé qu'avo enco pissé ici. Ah! La manre bête !" (7) Innocent, et pour cause, le chat ronronne près du poêle en faïence. Et notre malade s'en est sorti de sa grippe!

  Sacré NICOLAS, va!...
             
                                                                          Jean SPAITE
   NOTES:
  (1) -RABOUROU : Nom masculin- patois lorrain. Le laboureur.
  (2) -Le GRAND JOURNAL  : Lieu-dit communal.
  (3) -La COOPETTE  : La Coopérative (U.C.L.-Union des Coopérateurs de Lorraine).
  (4) -Sainte SCHOLASTIQUE : Soeur de St BENOIT, née à NURSIE(v.480-547). Elle fonda un monastère de femmes près du mont CASSIN. Sa fête était le 10 Février.
  (5) -L'ALINE  " était aux cent coups". Expression lorraine : Inquiétude maximum.
  (6) -"J'ai tojo eu ma fôme avo mi c'name astour que j'vas changer". Lorrain : J'ai toujours eu ma femme avec moi, ce n'est pas aujourd'hui que je vais changer.
  (7) - "Voyez ALINE, vol enco le peûh katz-lé qu'avo enco pissé ici. Ah! La manre bête!". Lorrain : Vous voyez , ALINE, voilà encore le vilain chat-là qui avait encore pissé ici. Ah! La mauvaise bête! 

      Préçisons: Le portrait de NICOLAS concerne Nicolas MANONVILLER de FREMENIL (1875-1956)
     
Article écrit par Jean SPAITE et publié dans La REVUE LORRAINE POPULAIRE Octobre 2003 N° 174


dimanche 25 mars 2007

Fréménil et sa porte monumentale

FVPorteMonumentale01.jpg
  • La porte monumentale de FREMENIL (4, rue de la Prairie) fait partie des oeuvres remarquables en milieu rural de la vallée de la Vezouze que l'on peut admirer de Domévre sur Vezouze à Marainviller. Elles sont l'oeuvre de maîtres- maçons italiens qui les ont réalisées fin XVIIe, début XVIIIe siècle.
  • La porte de Fréménil est du type "Porte à colonnes". Elle a été réalisée pour la maison de Nicolas Manonviller (dit Nicolas de Manonviller) né en 1650 à Fréménil, marié en 1670 à Anne Carrier qui est morte à Fréménil le 1er août 1707.< br> De cette union sont issus 9 enfants dont Nicolas Manonviller "Bourgeois de Blâmont" né dans cette maison le 3 mars 1675. Cette demeure a abrité les descendants Manonviller jusqu'en juillet 1993 (et a vu la naissance de mon grand-père Albert Manonviller le 22 septembre 1870).
  • Pendant la première guerre mondiale, la porte a été fortement endommagée le 5/11/1916 par un obus allemand de 210, tiré depuis le château de Grandseille (entre Chazelles sur Albe et Verdenal- CD162) à 7 km de Fréménil. Un soldat français est tué, il s'agit de Pinguet du 8e Régiment d'Artillerie qui sera enterré au cimetière communal puis transféré au cimetière de Reillon.
    Les dommages de guerre insuffisants n'ont pas permis au propriétaire d'alors de reconstruire à l'identique, en 1920-1925, la porte monumentale de Fréménil.
  • Notre modeste village a perdu sa richesse car cette porte remarquable était la plus belle de toutes les portes sculptées de la vallée. Une inscription de cette oeuvre d'art à l'inventaire des monuments historiques serait souhaitable pour en assurer la préseravation, la conservation, et la remise en état. Ceci est valable également pour les autres portes monumentales de la Vallée de la Vezouze qui constituent un attrait indiscutablepour chaque commune ayant la chance d'en posséder. Un itinéraire touristique d'architecture spécifique pourrait être mis en place permettant une meilleure connaissance de ce patrimoine régional.

Cet article a été rédigé par Jean SPAITE et publié dans la Revue Lorraine Populaire No.197, daté d'Août 2007